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LA TABLE D'OFFRANDES
» ta face, et son parfum s'épand vers toi1. » Que la boule
d'encens fût utilisée de la même manière que les pastilles du
natron, c'est ce dont on ne peut douter, en voyant qu'on
récitait sur elle la même formule qui consacrait l'eau clari-
fiée par le natron : l'encens complétait ce que le natron avait
commencé.
Cette purification complexe une fois terminée, on abordait
tout un ordre de cérémonies qui appartenaient au Rituel de
Y Ouverture de la bouche1. On appliquait d'abord au mort un
instrument particulier qu'on appelait le poshît-kafaît ,
et dont on trouve beaucoup d'exemplaires en miniature
parmi les amulettes qui encombrent les vitrines de nos mu-
sées. Il servait à ouvrir les mâchoires et peut-être aussi
le fondement du mort, afin que celui-ci pût manger et digérer
comme pendant la vie3. Le domestique agenouillé présentait
l'instrument, dont les deux pointes recourbées devaient sé-
parer les parties agglutinées par l'embaumement, et Y homme
au rouleau disait : « 0 Ti, je te consolide tes deux mâchoires
» séparées4. » Il présente ensuite deux angles ^ et deux
hachettes | en fer, l'une en fer du Midi, l'autre en fer du
1. Ounas, 1. 21-25; Papi II, p. 357; Dumichen, Der Grabpalast,
t. I, pl. VI, 1. 14-15.
2. Cf. sur ce sujet, Maspero, Études de Mythologie et d'Archéologie
égyptiennes, t. I, p. 289, 292, 305 sqq.
3. Dans l'hypothèse où il aurait servi à ouvrir le fondement, il aurait
signifié celui qui divise en deux moitiés (poshît) le derrière (kefaît). La
variante kafou-poshoui signifie simplement celui qui fend (kafou) les
deux moitiés (poshoui) et peut ramener à la même idée.
4. Ounas, 1. 26; Papi H, p. 358; Dumichen, Der Grabpalast, t. I,
pl. VI, 1. 16. Le mot âriti signifie certainement les deux mâchoires,
comme le prouve la forme que son déterminatif revêt dans la Pyra-
mide d'Ounas (1. 26). Il signifie non moins certainement les deux
fesses, ainsi qu'il résulte d'un passage du Livre des Morts, ch. xlviii,
éd. Naville, pl. LXIII, 1. 3-4, où il est dit : « J'ai mangé de ma bouche,
» cacavi e natibus meis » (sur le sens cacare du verbe fougafaga, cf.
Brugsch, Dict. hiér., Suppl., p. 498, s. v. fagan, fanga).
LA TABLE D'OFFRANDES
» ta face, et son parfum s'épand vers toi1. » Que la boule
d'encens fût utilisée de la même manière que les pastilles du
natron, c'est ce dont on ne peut douter, en voyant qu'on
récitait sur elle la même formule qui consacrait l'eau clari-
fiée par le natron : l'encens complétait ce que le natron avait
commencé.
Cette purification complexe une fois terminée, on abordait
tout un ordre de cérémonies qui appartenaient au Rituel de
Y Ouverture de la bouche1. On appliquait d'abord au mort un
instrument particulier qu'on appelait le poshît-kafaît ,
et dont on trouve beaucoup d'exemplaires en miniature
parmi les amulettes qui encombrent les vitrines de nos mu-
sées. Il servait à ouvrir les mâchoires et peut-être aussi
le fondement du mort, afin que celui-ci pût manger et digérer
comme pendant la vie3. Le domestique agenouillé présentait
l'instrument, dont les deux pointes recourbées devaient sé-
parer les parties agglutinées par l'embaumement, et Y homme
au rouleau disait : « 0 Ti, je te consolide tes deux mâchoires
» séparées4. » Il présente ensuite deux angles ^ et deux
hachettes | en fer, l'une en fer du Midi, l'autre en fer du
1. Ounas, 1. 21-25; Papi II, p. 357; Dumichen, Der Grabpalast,
t. I, pl. VI, 1. 14-15.
2. Cf. sur ce sujet, Maspero, Études de Mythologie et d'Archéologie
égyptiennes, t. I, p. 289, 292, 305 sqq.
3. Dans l'hypothèse où il aurait servi à ouvrir le fondement, il aurait
signifié celui qui divise en deux moitiés (poshît) le derrière (kefaît). La
variante kafou-poshoui signifie simplement celui qui fend (kafou) les
deux moitiés (poshoui) et peut ramener à la même idée.
4. Ounas, 1. 26; Papi H, p. 358; Dumichen, Der Grabpalast, t. I,
pl. VI, 1. 16. Le mot âriti signifie certainement les deux mâchoires,
comme le prouve la forme que son déterminatif revêt dans la Pyra-
mide d'Ounas (1. 26). Il signifie non moins certainement les deux
fesses, ainsi qu'il résulte d'un passage du Livre des Morts, ch. xlviii,
éd. Naville, pl. LXIII, 1. 3-4, où il est dit : « J'ai mangé de ma bouche,
» cacavi e natibus meis » (sur le sens cacare du verbe fougafaga, cf.
Brugsch, Dict. hiér., Suppl., p. 498, s. v. fagan, fanga).