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lequel les cultivateurs apportaient à ces citadins les produits
de leurs champs. Je contemple avec plaisir les rives du fleuve
cultivées avec le plus grand soin, particulièrement le pied
d'un magnifique amphithéâtre que la nature a taillé dans
les roches méridionales. Je retrouve encore quelques traces
de fondements sur le sommet de ces roches , ainsi que du
côté de l'ouest (i); mais elles sont moins considérables en ce
lieu, parce que l'escarpement, qui est effrayant de ce côté
dans sa partie inférieure, est d'abord moins sensible dans la
partie où sont ces constructions, et que par suite de cela il a
été plus facile d'en enlever les matériaux.
Enfin j'ai rejoint mes gens que j'avais laissés près des tom-
beaux troyens. J'étais, je l'avoue, dans une situation de corps
et d'esprit difficile à exprimer. Quoique nous fussions au
28 d'octobre, il faisait encore fort chaud, et j'éprouvais une
soif ardente. Le Simois n'était qu'à trente pas de moi, en
ligne horizontale, cependant je ne pouvais m'y désaltérer;
car il fallait descendre environ 4°° pieds pour aller puiser
dans ses eaux. Je ne pus, malgré la sécheresse où je sentais
mes lèvres, me décider à quitter encore des lieux qui éveil-
laient tant de souvenirs et faisaient naître tant de pensées.
Je montai sur le tombeau présumé d'Hector, et, assis sur
l'amas de cailloux qui peut avoir couvert les cendres de ce
guerrier, rafraîchi par les vents, à l'aspect des pics de Té-
nédos , des cinves du Gargare, jetant de temps à autre mes
regards sur les champs illustrés par les Diomède, les Ajax et
(1) Ce doivent être les constructions que M. Didot, venu après moi
dans la Troade, a vues, et dont il a donné un dessin. »•
lequel les cultivateurs apportaient à ces citadins les produits
de leurs champs. Je contemple avec plaisir les rives du fleuve
cultivées avec le plus grand soin, particulièrement le pied
d'un magnifique amphithéâtre que la nature a taillé dans
les roches méridionales. Je retrouve encore quelques traces
de fondements sur le sommet de ces roches , ainsi que du
côté de l'ouest (i); mais elles sont moins considérables en ce
lieu, parce que l'escarpement, qui est effrayant de ce côté
dans sa partie inférieure, est d'abord moins sensible dans la
partie où sont ces constructions, et que par suite de cela il a
été plus facile d'en enlever les matériaux.
Enfin j'ai rejoint mes gens que j'avais laissés près des tom-
beaux troyens. J'étais, je l'avoue, dans une situation de corps
et d'esprit difficile à exprimer. Quoique nous fussions au
28 d'octobre, il faisait encore fort chaud, et j'éprouvais une
soif ardente. Le Simois n'était qu'à trente pas de moi, en
ligne horizontale, cependant je ne pouvais m'y désaltérer;
car il fallait descendre environ 4°° pieds pour aller puiser
dans ses eaux. Je ne pus, malgré la sécheresse où je sentais
mes lèvres, me décider à quitter encore des lieux qui éveil-
laient tant de souvenirs et faisaient naître tant de pensées.
Je montai sur le tombeau présumé d'Hector, et, assis sur
l'amas de cailloux qui peut avoir couvert les cendres de ce
guerrier, rafraîchi par les vents, à l'aspect des pics de Té-
nédos , des cinves du Gargare, jetant de temps à autre mes
regards sur les champs illustrés par les Diomède, les Ajax et
(1) Ce doivent être les constructions que M. Didot, venu après moi
dans la Troade, a vues, et dont il a donné un dessin. »•