Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
5o CONSIDÉRATIONS

de Vitruve, qu'ils peuvent servir à expliquer tous les autres édifices de ce genre, sans avoir
besoin d'être expliqués par eux.

Les théâtres, chez les Grecs et les Romains, ne furent construits dans l'origine qu'en char-
pente. Leur durée n'excédait point celle des fêtes, dont les jeux scéniques faisaient partie, et
ces constructions, élevées avec précipitation, pour quelques jours seulement, ne devaient avoir
rien de bien remarquable ; mais le luxe ayant fait de rapides progrès, leur conséquence natu-
relle fut la corruption des mœurs; et le premier symptôme de cette décadence morale se manifeste
toujours chez les nations par le goût immodéré des plaisirs, et principalement des spectacles. Aussi,
à ces édifices misérables, succédèrent bientôt des monuments où le marbre et le bronze ébloui-
rent les yeux.

Les Athéniens furent les premiers qui renoncèrent aux théâtres en bois ; ils construisirent en
marbre le théâtre de Bacchus, situé sur la pente de l'acropolis, et ce magnifique monument,
dont les ruines font encore aujourd'hui l'admiration des voyageurs, servit de modèle à tous ceux
du même genre.

Rome existait depuis six siècles, qu'elle n'avait point encore de théâtre permanent, quoique,
dès l'an 55o,, des consuls eussent voulu en construire un; mais Scipion Nasica, par respect pour
les bonnes mœurs, le fit détruire. Pompée fut le premier qui donna aux Romains, en l'an 699,
un théâtre en pierre, orné de statues, et où quarante mille personnes pouvaient à la fois assister
aux représentations. En 740, Cornélius Balbus en fit élever un en marbre, orné de colonnes
précieuses. Celui de Marcellus, dont il reste encore des ruines, était extérieurement en pierre
et orné à l'intérieur des dépouilles de la Grèce et de l'Asie.

Les théâtres antiques étaient découverts, et n'avaient d'autre abri contre l'ardeur du soleil et
les intempéries des saisons qu'une toile tendue avec force au-dessus du théâtre, au moyen de cor-
dages placés dans des poulies attachées à des pièces de bois qui pénétraient profondément dans
la maçonnerie des murs extérieurs.

La partie consacrée aux spectateurs était en forme d'hémicycle, et presque toujours adossée
contre une colline, pour éviter d'y faire des substructions dispendieuses. Ce demi-cercle était
couvert de gradins divisés en plusieurs étages, appelés précinctions, sur lesquels les spectateurs
s'asseyaient suivant leur rang. Les places réservées aux simples citoyens étaient indiquées par de
légères lignes gravées sur les gradins et numérotées ; en sorte que chacun prenait celle qui cor-
respondait au numéro de la tessera qui lui avait été donnée d'avance. Comme ce gradin était ordi-
nairement de pierre ou de marbre, on le recouvrait avec des coussins de jonc, que les locarii (1)
louaient aux spectateurs, et lorsqu'il faisait froid, ou qu'il neigeait, on portait un manteau de
laine, à long poil, auquel tenait un capuchon.

On parvenait facilement de toutes parts aux gradins, parles passages et les montées pratiqués
au pourtour circulaire du théâtre, et au moyen des escaliers qui, partant de l'orchestre s'éle-
vaient au sommet des gradins; en sorte qu'ils formaient des divisions dont les sections ten-
daient au centre, et qu'on appelait cunei. Les gradins inférieurs étaient réservés aux chevaliers;
les places de la dernière galerie appartenaient aux matrones; les deux loges de l'avant-scène, pra-
tiquées au-dessus des entrées latérales de l'orchestre, étaient des places d'honneur pour les
principaux magistrats.

On voit, par la description que je viens de donner de la partie du théâtre consacrée aux
spectateurs, qu'il devait rester, entre la ligne droite de la scène et la ligne circulaire du der-

(1) On appelait ainsi ceux qui s'emparaient de bonne heure des places, pour les revendre aux spectateurs opulents. Voyez
plus loin, dans l'explication de la planche XXVIII, une note qui éclaircit cette coutradiction apparente, entre l'usage de la
tessera et l'emploi des locarii.
 
Annotationen