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Monatsberichte über Kunstwissenschaft und Kunsthandel — 2.1902

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Nr. 11
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Lafond, Paul: Gregorio Fernandez
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https://doi.org/10.11588/diglit.47724#0613

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ZAHN -

Gregorio Fernandez

par Paul Lafond.

Gregorio Fernandez que William Stirling com-

pare aux maitres de l’antiquit&, dont Passavant met
les cuvres en parallele avec celles de Berruguete,
est en Espagne avec Esteban Jordan, Juan de Juni,
Juan Bautista Monegro et Miguel de Ancheta, un
des grands sculpteurs qui ferment le XVI® si&cle
et ouvrent le XVIIs. Si ses creations se ressentent
jusguwä un certain point de Fexageration des
mouvements, de la redondance des formes cheres
a la plupart des artistes de son temps, il faut
nganmoins reconnaitre, que, plein d’independance et
d’&nergie, il re&sista, dans la mesure de ses moyens,
a Ventrainement g&neral. Mais, s’il r&ussit pour
sa part ä Gviter ces Ecueils, il n’en fut pas de
meme de ses nombreux el&ves et la faute en re-
tombe, malgre« tout, jusqu’ä un certain point sur
Jui. Aussi bien peut on &viter Pinevitable? Les
attitudes souvent iorcdes de ses statues et de ses
figures ne sont, a les bien juger, que l’expression
outrge du caractere, leurs contours brusques et
tourment&s, qu’une surabondance de vie. Par la
largeur et la fermet€ de leur execution, l’impecca-
bilit€ de leur anatomie, science que Gregorio
Fernandez avait etudiee d’une facon toute particuliere,
par Pentente de leurs draperies, elles n’en restent
pas moins des manifestations d’art de premier
ordre. Parfois, elles manquent de simplicite, de
finesse aussi, mais plus rarement d’elegance. ‘ La
douceur, la tendresse, les gräces melancoliques ne
sont pas leurs qualit&s dominantes. En compen-
sation, elles sont toujours essentiellement religieuses,
exclusivement spiritualistes sous des formes et des
apparences naturalistes.

Completement en desaccord avec Vart italien
de la Renaissance, qui, epris d’antiquite et de pa-
ganisme, ne voit chez ’homme que le jeu purement
physique des formes et leur d&veloppement, notre
artiste espagnol fidele au genie de sa nation,
s’attache avant tout ä lexpression religieuse et
morale, avec sa foi vive et ardente, qui rappelle
par bien des cötes celle de Murillo.

Gregorio Fernandez et non Hernandez, comme
son nom est ordinairement orthographie , mais ä tort,
est originaire de la Galice.. II naquit a Pontevedra
selon les uns, a Compostelle selon les autres. La
date de sa naissance a €te€ l’objet de longues con-
troverses. Il semble cependant a peu pres certain
qwiil vit le jour aux environs de 1566. S’il fallait
s’en rapporter a Palomino, cette date devrait &tre
reportee a 1544 et par consequent ä 22. ans en

arriere. Ponz assure, dans un chapitre de son
Viaje en Espana, que Gregorio Fernandez est
mort en 1622; mais, il faut ajouter, qu’oubliant cette
premiere assertion, il le d&clare dans un autre
chapitre, encore vivant en 1628.

Quoique l’on ne sache pas grand chose de sa
jeunesse, il est ä presumer qul'il s’etablit d’abord
A Madrid ot il se maria et ol il etudia son art
sous la direction de un des nombreux El&ves
qu’avaient laisses Felipe Biguerny, Berruguete,
Ördonez ou Becerra. A cet enseignement il puisa
le style puissant, large et ferme qui le caracterise
et qui le fit distinguer par Vilmercanti qui Pappela
a Valladolid pour l’associer a ses travaux. Sa
reputation s’etablit vite dans cette ville, capitale
de l’Espagne, pour la seconde fois, gräce ä
Philippe III qui y avait retabli les grandes admini-
strations de lEtat. Depassant rapidement les
murailles de la cite, elle se r&pandit sans tarder dans
les Castilles. Les commandes affluerent de tous
cötes. Pas un chapitre de cathedrale, pas un prieur
de couvent, pas un cure de paroisse qui ne tint
a avoir dans sa basilique, son monastere ou son
Eglise une ceuvre de ce jeune et dejä renomme
sculpteur. Un retable n’avait d’importance et de
valeur que s’il pouvait montrer un groupe, une
statue ou un bas-relief sortant de son atelier.

Gregorio Fernandez avait etabli sa demeure
dans le quartier du Campo Grande, un des faubourgs
de Valladolid. Il habitait la maison ol avait vecu
et etait mort pas mal d’annges auparavant cet autre
grand sculpteur Juan de Juni. C’etait dans cette
demeure doublement consacre&e ä l’art que tout ce
que la ville renfermait de personnages de distinction,
tous les &trangers de passage se faisaient un devoir
d’aller le visiter, de lui tenir compagnie quand il
travaillait, de le distraire quand il etait souffrant
ce qui Iui arrivait malheureusement assez irequem-
ment. Le brillant statuaire, eleve€ A cette situation
enviable par ses merites et son talent, se montrait
comme de raison, tres sensible ä ces attentions,
tres reconnaissant de ces t&moignages d’estime. Il
convient d’ajouter que chez Ilui, ’homme Gtait a la
hauteur de Vartiste; d’excellente compagnie, aCc-
cueillant pour tous, bienveillant pour ses el&ves,
g&nereux pour ses inferieurs.

Le peu de loisirs que Iui laissait ses travaux,
il les employait en ceuvres pies. Malgre sa sante
chancelante; il s’&tait fait un devoir de la penible
charit& qui consiste a ensevelir les morts et de la

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