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Monatshefte für Kunstwissenschaft

apparait une tete de grand singe qui souffle pour attiser le feu et ä sa gauche, un
jeune homme de profil, la tete couverte d'un chapeau ä bords rabattus, rit en montrant
les dents.
C'est la mise en scene d'un proverbe castillan: «l'homme est de feu, la
femme d'etoupe, le diable passe et souffle.»
Signalons au musee de Naples, un petit tableau du maitre execute dans ses
annees de jeunesse, sous la direction du miniaturiste Giulio Clovio dont le sujet a de
nombreuses analogies avec celui-ci, figurant un jeune gar^on qui vient d'allumer une
chandelle avec un tison qu'il cherche ä eteindre.
Nous revenons ä la mise en scene du proverbe castillan: ne conviendrait-il
pas de reconnaitre dans la jeune femme, incontestablement la meme que le modele
du portrait de la galerie Stirling Maxwell, plutöt la femme que la fille du peintre,
dont il n'est fait mention nulle part? Dans les deux toiles, il s'agit evidemment de la
plus jeune des deux femmes figurees dans le Baiser de Judas de la cathedrale de
Tolede, les Stes~Familles, les Ste-Veronique tenant l'image miraculeuse du Christ
dont une se trouve au couvent de Sto ~Domingo el Viejo; les bustes de la
Vierge, la tete recouverte d'un voile surmonte d'un capuchon, du musee du Prado
et de celui de Strasbourg.
Le soi-disant portrait de la Fille du Greco, la mise en scene du proverbe
castillan, ont dü, ä un moment donne, decorer les murs de la maison de l'artiste,
n'etait-ce pas la des tresors et des souvenirs de famille?
Peut etre y aurait-on aussi trouve ce buste d'homme age, faisant partie de la
collection de Don Aur. de Beruete generalement admis comme representant le Greco
lui-meme. Nous l'avons dejä dit ailleurs, ce n'est pas certain, les preuves absolues
font defaut; mais, si ce n'est qu'une hypothese, il faut reconnaitre qu'elle s'appuie sur
de serieuses probabilites.
Inutile de rapprocher le vieillard chauve et ä barbe grisonnante du jeune
homme aux cheveux bruns separes par une raie mediane tombant sur les epaules,
au front droit, au nez long et aquilin, aux levres fortes, avoisinant le Titien, Michel-
Ange et Giulio Clovio des Vendeurs chasses du Temple de la collection Yarborough
de Londres, ainsi que du jeune gentilhomme debout sous le peristyle du palais de
La Guerison de l'Aveugle du musee de Parme, dans lesquels le Greco a reproduit
ses traits. La difference d'äge — plus de trente annees — ne permet guere, malgre
peut-etre la construction generale de la tete, de chercher entre eux des rapports de
physionomie. Il n'en est pas de meme d'autres personnages de tableaux du maitre,
generalement acceptes pour ses portraits plus ou moins fideles. Il est incontestable
que le buste appartenant ä Don Aur. de Beruete offre une reelle similitude avec le
Centurion du Baiser de Judas, le Sf Joseph des Stes Familles, le masque du Christ
des Voiles de Ste Veronique. Cette ressemblance s'accentue l'äge venant, avec
je gentilhomme de 1'Enterrement du comte d'Orgaz oü il passe pour s'etre
represente; elle est encore plus grande avec le Sf Paul, du tableau de Sf Pierre et
Sf Paul de la collection de la marquise de Perinat.