PREFACE. xv
sentoit le climat de ces peuples barbares qui avoient inondé la terre.
Neuf ou dix siecles se passerent dans l’ignorance de toutes ces choses :
ce ne fut qu’après un si long espace de tems qu’on songea à se relever
& à faire resseurir les beaux arts, donc les traces se trouvoient encore
dans quelques monumens qui avoient échappé & aux injures du tems,
& auxinsultes de gens qui n’avoient nul goût pour tout ce que l’art
avoir inventé de plus excellent.
Il faut pourtant avouer que c’est à ces siecles de barbarie que nous
devons plusieurs inventions des plus necessaires à la vie, & que les an-
ciens de la belle antiquité avoient ignorées; les moulins à eau , les mou-
lins à vent, les lunettes, laboussole, les vitres, les étriers, l’imprime-
rie, Sc d’autres choses, toutes utiles , & plusieurs tout-à-fait necessaires.
Ces hommes grossiers qui n’avoient nulle idée de la beauté de la pein-
ture, de sélegancede la ssatuaire, des proportions de l’architeflure, ne
laissoient pas de s’occuper à inventer d’autres choses utiles, qu’on a
ensuite fort perfectionnées dans des siecles plus bas & plus polis.
Ce dessein de l’antiquité expliquée & représentée en figures, que
j’ai poussé jusqu’au tems de Theodose le Jeune, tems où les peuples
barbares, les Francs, les Visigots & IcsOstrogots fondèrent plusieurs
monarchies en Europe; ce dessein , dis-je, pourra être continué dans
la suite. Quoique tous les siecles depuis le cinquième jufqu’au quinzié-
me aient été plongez dans la barbarie, on ne laissera pas de tirer beau-?
coup d’utilité d’un ouvrage qui regardera ces tems là , fait sur ce meme
plan. La matière est assez sterile, je l’avoue, sur tout pour les pre-
miers siecles; mais quand on sera attentif à tout recueillir avec exacti-
tude, on ne laissera pas de trouver un grand nombre de choses qui
avoient échappé ci-devant aux habiles gens 3 pareequ’ils n’avoient pas
un pareil dessein en vue : car c’cstun grand acheminement à faire bien
bus digna. Eo in slatu per novem decemve
sæcula perseveravit orbis. Eo tandem ela-
pso annorum cursu , animum erexere viri
conspicui, qui artes illas mutas reslaurarent,
quarum artium vesligia quædam adhuc su-
pererant in monumentis, quels & temporum
injuriæ & barbaræ manus pepercerant.
Fateamur tamen necelEe est illis, e qui-
bus elegantia exulabat, sæculis nos inventa
quædam arteique debere ad vitam oppor-
tunissimas, quas illi ssorentisïîmæ ætatis viri
ignoraverant moletrinas videlicet seu aqua
seu ventis mobiles, perspicilia telescopia-
que , pyxidem nauticam, vitreas feneslras,
stapedas , typographiam , &: alia» quædam
vel utilia vel etiam necessaria. Rudes illi ho-
mines qui pictura: elegantiam , slatuariæ
concinnitatem , architectonices normam
ignorabant , alia inveniebant quæ poslre-
mis hisee elegantiæque studiosis sæculis in
perfectiorem modum sunt deduéta.
Floc antiquitatis explanatæ & exhibitæ
opus ad Theodosii junioris tempus perdu-
ctum , quo ævo barbaræ nationes, Franci,
Visigothi & Oslrogothi multas in Europa
monarchias fundarunt 5 hoc , inquam , opus
in sequentibus sæculis continuari poterit ;
etsi enim immane illud temporis spatium a
quinto ad decimum usque quintumsæculum
barbariem oleat, admodum tamen utilis
erit eadem ratione concinnata monimento-
rum deseriptio ac delineatio. Rara primo
conspectu videntur else ea monumenta quæ
ad priora hujusmodi barbariei sæcula per-
tinent j sed si accurate colligantur, non
pauca haud dubie reperientur, a doftis vi-
ris haétenus non observata, quia non eodem
proposito & inslituto prævio quærebant:
sentoit le climat de ces peuples barbares qui avoient inondé la terre.
Neuf ou dix siecles se passerent dans l’ignorance de toutes ces choses :
ce ne fut qu’après un si long espace de tems qu’on songea à se relever
& à faire resseurir les beaux arts, donc les traces se trouvoient encore
dans quelques monumens qui avoient échappé & aux injures du tems,
& auxinsultes de gens qui n’avoient nul goût pour tout ce que l’art
avoir inventé de plus excellent.
Il faut pourtant avouer que c’est à ces siecles de barbarie que nous
devons plusieurs inventions des plus necessaires à la vie, & que les an-
ciens de la belle antiquité avoient ignorées; les moulins à eau , les mou-
lins à vent, les lunettes, laboussole, les vitres, les étriers, l’imprime-
rie, Sc d’autres choses, toutes utiles , & plusieurs tout-à-fait necessaires.
Ces hommes grossiers qui n’avoient nulle idée de la beauté de la pein-
ture, de sélegancede la ssatuaire, des proportions de l’architeflure, ne
laissoient pas de s’occuper à inventer d’autres choses utiles, qu’on a
ensuite fort perfectionnées dans des siecles plus bas & plus polis.
Ce dessein de l’antiquité expliquée & représentée en figures, que
j’ai poussé jusqu’au tems de Theodose le Jeune, tems où les peuples
barbares, les Francs, les Visigots & IcsOstrogots fondèrent plusieurs
monarchies en Europe; ce dessein , dis-je, pourra être continué dans
la suite. Quoique tous les siecles depuis le cinquième jufqu’au quinzié-
me aient été plongez dans la barbarie, on ne laissera pas de tirer beau-?
coup d’utilité d’un ouvrage qui regardera ces tems là , fait sur ce meme
plan. La matière est assez sterile, je l’avoue, sur tout pour les pre-
miers siecles; mais quand on sera attentif à tout recueillir avec exacti-
tude, on ne laissera pas de trouver un grand nombre de choses qui
avoient échappé ci-devant aux habiles gens 3 pareequ’ils n’avoient pas
un pareil dessein en vue : car c’cstun grand acheminement à faire bien
bus digna. Eo in slatu per novem decemve
sæcula perseveravit orbis. Eo tandem ela-
pso annorum cursu , animum erexere viri
conspicui, qui artes illas mutas reslaurarent,
quarum artium vesligia quædam adhuc su-
pererant in monumentis, quels & temporum
injuriæ & barbaræ manus pepercerant.
Fateamur tamen necelEe est illis, e qui-
bus elegantia exulabat, sæculis nos inventa
quædam arteique debere ad vitam oppor-
tunissimas, quas illi ssorentisïîmæ ætatis viri
ignoraverant moletrinas videlicet seu aqua
seu ventis mobiles, perspicilia telescopia-
que , pyxidem nauticam, vitreas feneslras,
stapedas , typographiam , &: alia» quædam
vel utilia vel etiam necessaria. Rudes illi ho-
mines qui pictura: elegantiam , slatuariæ
concinnitatem , architectonices normam
ignorabant , alia inveniebant quæ poslre-
mis hisee elegantiæque studiosis sæculis in
perfectiorem modum sunt deduéta.
Floc antiquitatis explanatæ & exhibitæ
opus ad Theodosii junioris tempus perdu-
ctum , quo ævo barbaræ nationes, Franci,
Visigothi & Oslrogothi multas in Europa
monarchias fundarunt 5 hoc , inquam , opus
in sequentibus sæculis continuari poterit ;
etsi enim immane illud temporis spatium a
quinto ad decimum usque quintumsæculum
barbariem oleat, admodum tamen utilis
erit eadem ratione concinnata monimento-
rum deseriptio ac delineatio. Rara primo
conspectu videntur else ea monumenta quæ
ad priora hujusmodi barbariei sæcula per-
tinent j sed si accurate colligantur, non
pauca haud dubie reperientur, a doftis vi-
ris haétenus non observata, quia non eodem
proposito & inslituto prævio quærebant: