FRANÇOIS I. die le Restaurateur des Lettres. 303
grand nombre renforcer l'armée du Roi. La garnison Françoise de Turin lui
coupoit les vivres , & prenoic cous les jours des places dans le Piémont.
En Picardie, Ton armée faisoit peu de progrès : l'argent lui manquoic, & tout
le plus difficile reitoit encore à faire.
Se méfiant alors du succès de sa campagne , il envoia en Italie Ascagne Charle-
Colonne pour représenrer au Pape & aux autres Potentats du payis, qu'il commen-
n'avoit entrepris cette guerre que pour le bien public &c pour la paix de ceàsemé.
l'Italie ; & qu'il écoit juste que Sa Sainteté & les autres Princes portaient succès"de
une partie du poids & des frais nécessaires pour la soiirenir. Il lui ossroit ^ camPa*
même le Duché de Milan, pour en faire à sa volonté, & faire la paix à 8ne'
des conditions raisonnables. Il lui disoit de plus que les Turcs dévoient venir
porcer la guerre dans la Chrétienté > & faire en même tems deseente dans
le Roiaume de Naples & dans la Sicile. Le Pape lui fit réponse en termes
généraux , le louant de son zele & de ses bonnes intentions, en l'exhortant
à faire la paix , pour marcher contre les Turcs, qui dévoient, non pas cette
année, mais la suivante , porter la guerre aux payis des Chrétiens.
Il arriva à Aix alsez heureusement , sans aucun fâcheux accident sur la
route ; hors qu'une fois en paisant les Alpes, il pensa être tué par des payisans
qui en vouloient à sa personne. Il en fit pendre quantité , & en fit brûler
plusieurs autres qui s'étoient retirez dans des bois avec leurs femmes & leurs
enfims ; ce qui anima si fort les peuples de la campagne , qu'ils fiiisoient mou-
rir cruellement tous les Impériaux qui tomboient entre leurs mains. Etant à
Aix , il apprit que notre armée écoit fort nombreuse & bien retranchée ;
Marseille muni d'une groise garnison, & fortifié de tous côtez; Arles en état
de soûtenir un long siege.
Aiant eu avis qu'il y avoir un endroit à Marseille plus foible que les autres,
il fit un gros détachement pour aller reconnoître la place & l'endroit marqué.
Il arriva auprès de la Ville , &c prit un nombre d'Arquebusiers choisis qu'il
mena lui même jusqu'à la portée du canon ; & le mettant à couvert d'une
masure , il détacha le Marquis du Guast avec un petit nombre d'Arquebu-
siers pour aller observer les choses de plus près. Le Marquis vit que l'en-
droit qu'on disoit foible, avoit été bien fortifié : il fut lui-même apperçu de
rum quotidie adibant, & pugnatorum augebant nu-
merum. Pra:sidiarii Taurinenses Franci rei cibaria: ad
sua cadra aditum intercludebant : in Picardia exerci-
tus illius parum proficiebat ; xrarium exhaustum , Se
qui difficiliora erant facienda supererant.
tt rnimt. Metuens itaque ne bellum hoc anno secus quam
ille optabat, cederet , Ascanium CoUimnamin Ita-
liam misit, ut Summo Pontifici , aliitque Italia; Ptin-
cipibus & civitatibus repratsentaret, se hoc suseepisse
bellum pro bono publico tantum, & pro Italie pace,
œquitatemque postulare ut & Papa , & alii Princi-
pes partem ponderis & sumtuum ferrent, ut bellum
felicius procederet. Summo Pontificietiam Ducatum
Mediolanensem offerebat , ut eo ad nutum suum
uteretur, & pacem oequis condicionibus faceret. Di-
cebat etiam Turcas bellum in Christianas regiones
illaturos e(Te , etiamque in Neapolitanum Regnum
atque in Siciliam exseensuros. Respondit illi Ponti-
fex Summus , non speciatim quidem res enuncians,
sed studium ejus laudans , & âd bona peragenda vo-
luntatem , adhortansque illum ut pacem faceret ,
& Turcis bellum inferret, qui non isto anno , sed
sequenti, bellum ni Christianorum terras illaturi
erant.
Ad Aquas autem Sextias Carolus sat féliciter ad- Le mimti.
venit , nihil improsperum in itinere pasTus , nisi cum
Alpes superaret, quando a rusticis impetitus jde vi-
ra periclitatus est , ubi multos ille suspendio perire
jussit , alios qui in silvas confugerant cum uxoribus
& filiis siammis tradidit ; quod agrestes populos in
tantam iram concitavit , ut Caîsareos onines qui tii
manus caderent, cum praxis cruciatibus atque tor-
mentis, immaniter trucidarent. Aquis cum esset,
edidicit exercitum Francorum numeiosisTimum eslè,
& in castris probe munitis tuto versari, Massilix ma-
gnum esïè prisidium , urbemque propugnaculis cinc-
tam , Arelatem etiam eo in statu elle > ut longam fer-
re posièt obsidionem.
Cum sibi nunciatum fuiiset Massilia; aliquam mu- Le même*
rorum partem elle non ita probe munitam , copia-
rum suarum partem cepit, ut cum îlia & urbem ,8c
memoratum illum locum, observaret ; sclopetarios-
que multos delegit > quos ipse duxic in locum , quo
tormentorum globi pertingere poterant , & in qua-
dam maceiie sese collocans , Vallium Marchior'em
misit cum sclopetariis paucis , qui propius rem per-
spicerec. Marchio autem vidit partem illaiti, quant
debiliorem dicebant , optime munitam fuissè. Qui
grand nombre renforcer l'armée du Roi. La garnison Françoise de Turin lui
coupoit les vivres , & prenoic cous les jours des places dans le Piémont.
En Picardie, Ton armée faisoit peu de progrès : l'argent lui manquoic, & tout
le plus difficile reitoit encore à faire.
Se méfiant alors du succès de sa campagne , il envoia en Italie Ascagne Charle-
Colonne pour représenrer au Pape & aux autres Potentats du payis, qu'il commen-
n'avoit entrepris cette guerre que pour le bien public &c pour la paix de ceàsemé.
l'Italie ; & qu'il écoit juste que Sa Sainteté & les autres Princes portaient succès"de
une partie du poids & des frais nécessaires pour la soiirenir. Il lui ossroit ^ camPa*
même le Duché de Milan, pour en faire à sa volonté, & faire la paix à 8ne'
des conditions raisonnables. Il lui disoit de plus que les Turcs dévoient venir
porcer la guerre dans la Chrétienté > & faire en même tems deseente dans
le Roiaume de Naples & dans la Sicile. Le Pape lui fit réponse en termes
généraux , le louant de son zele & de ses bonnes intentions, en l'exhortant
à faire la paix , pour marcher contre les Turcs, qui dévoient, non pas cette
année, mais la suivante , porter la guerre aux payis des Chrétiens.
Il arriva à Aix alsez heureusement , sans aucun fâcheux accident sur la
route ; hors qu'une fois en paisant les Alpes, il pensa être tué par des payisans
qui en vouloient à sa personne. Il en fit pendre quantité , & en fit brûler
plusieurs autres qui s'étoient retirez dans des bois avec leurs femmes & leurs
enfims ; ce qui anima si fort les peuples de la campagne , qu'ils fiiisoient mou-
rir cruellement tous les Impériaux qui tomboient entre leurs mains. Etant à
Aix , il apprit que notre armée écoit fort nombreuse & bien retranchée ;
Marseille muni d'une groise garnison, & fortifié de tous côtez; Arles en état
de soûtenir un long siege.
Aiant eu avis qu'il y avoir un endroit à Marseille plus foible que les autres,
il fit un gros détachement pour aller reconnoître la place & l'endroit marqué.
Il arriva auprès de la Ville , &c prit un nombre d'Arquebusiers choisis qu'il
mena lui même jusqu'à la portée du canon ; & le mettant à couvert d'une
masure , il détacha le Marquis du Guast avec un petit nombre d'Arquebu-
siers pour aller observer les choses de plus près. Le Marquis vit que l'en-
droit qu'on disoit foible, avoit été bien fortifié : il fut lui-même apperçu de
rum quotidie adibant, & pugnatorum augebant nu-
merum. Pra:sidiarii Taurinenses Franci rei cibaria: ad
sua cadra aditum intercludebant : in Picardia exerci-
tus illius parum proficiebat ; xrarium exhaustum , Se
qui difficiliora erant facienda supererant.
tt rnimt. Metuens itaque ne bellum hoc anno secus quam
ille optabat, cederet , Ascanium CoUimnamin Ita-
liam misit, ut Summo Pontifici , aliitque Italia; Ptin-
cipibus & civitatibus repratsentaret, se hoc suseepisse
bellum pro bono publico tantum, & pro Italie pace,
œquitatemque postulare ut & Papa , & alii Princi-
pes partem ponderis & sumtuum ferrent, ut bellum
felicius procederet. Summo Pontificietiam Ducatum
Mediolanensem offerebat , ut eo ad nutum suum
uteretur, & pacem oequis condicionibus faceret. Di-
cebat etiam Turcas bellum in Christianas regiones
illaturos e(Te , etiamque in Neapolitanum Regnum
atque in Siciliam exseensuros. Respondit illi Ponti-
fex Summus , non speciatim quidem res enuncians,
sed studium ejus laudans , & âd bona peragenda vo-
luntatem , adhortansque illum ut pacem faceret ,
& Turcis bellum inferret, qui non isto anno , sed
sequenti, bellum ni Christianorum terras illaturi
erant.
Ad Aquas autem Sextias Carolus sat féliciter ad- Le mimti.
venit , nihil improsperum in itinere pasTus , nisi cum
Alpes superaret, quando a rusticis impetitus jde vi-
ra periclitatus est , ubi multos ille suspendio perire
jussit , alios qui in silvas confugerant cum uxoribus
& filiis siammis tradidit ; quod agrestes populos in
tantam iram concitavit , ut Caîsareos onines qui tii
manus caderent, cum praxis cruciatibus atque tor-
mentis, immaniter trucidarent. Aquis cum esset,
edidicit exercitum Francorum numeiosisTimum eslè,
& in castris probe munitis tuto versari, Massilix ma-
gnum esïè prisidium , urbemque propugnaculis cinc-
tam , Arelatem etiam eo in statu elle > ut longam fer-
re posièt obsidionem.
Cum sibi nunciatum fuiiset Massilia; aliquam mu- Le même*
rorum partem elle non ita probe munitam , copia-
rum suarum partem cepit, ut cum îlia & urbem ,8c
memoratum illum locum, observaret ; sclopetarios-
que multos delegit > quos ipse duxic in locum , quo
tormentorum globi pertingere poterant , & in qua-
dam maceiie sese collocans , Vallium Marchior'em
misit cum sclopetariis paucis , qui propius rem per-
spicerec. Marchio autem vidit partem illaiti, quant
debiliorem dicebant , optime munitam fuissè. Qui