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Galerie Moos (Genf); Hodler, Ferdinand [Ill.]
Exposition Ferdinand Hodler: 11 mai-30 juin 1918 — Genève: Galerie Moos, 1918

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https://doi.org/10.11588/diglit.72882#0026
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développées et puis hypertrophiées. Les êtres nés de lui sont si
différents de nous, si gigantesques par le corps, si primaires par
l'âme, que de nous à eux il se fait peu d'échange. Hodler émeut
encore par des moyens qui n'ont rien de vraiment humain; ils
agissent sur nos sens, frappent notre esprit, sollicitent notre rai-
son avec une égale violence. Mais le cœur oublié se ferme et se
tait. Les « Las de vivre» et les vieillards de « l'Eurythmie» nous
touchent moins par le drame humain qu'ils résument, que par la
passion toute plastique qui, après les avoir créés, les unit. Et
voici que dans cette œuvre, qui paraissait avoir la fixité et la per-
fection d'un cristal, apparaît une phase nouvelle. C'est le portrait
d'une malade, et avec lui il semble que toute la lumière du monde
ait changé. Avec la douleur vue et reçue, la vie, la vraie vie, a
pénétré cet art et l'a renouvelé. Une femme est ici qui souffre et
meurt en faisant de la vie. Et tout va se transfigurer.
Elle est inoubliable cette « Malade » dans les affres de la dou-
leur, et cette autre qui a la dignité, la grandeur et la beauté de
ceux qui savent qu'ils vont mourir et s'y résignent. Toute la dou-
leur du monde est concentrée dans ce visage tordu comme dans
ce calme visage où l'amertume elle-même a pris de la douceur.
Ici ce n'est plus la polyphonie des vastes compositions. Tout
est silence. L'homme regarde en face le mystère de la mort et se
tait; et l'on ne perçoit plus que le bruit intime de son cœur.
L'un pleurerait, l'autre prierait. Il pleure et prie à sa manière :
il travaille. Heure après heure, se succèdent les croquis, les por-
traits, plus beaux, plus effrayants aussi de jour en jour. Certains
auraient fui le drame. Il demeure seul spectateur de la lutte entre
la vie et la mort et, quand la mort est victorieuse, il peint encore,
comme un furieux.
Les voilà ces témoignages, et au milieu d'eux voici ce buste,
œuvre unique où toute la grandeur de ce moment s'est condensée.
Nulle théorie, rien que la plus parfaite humilité. Le sculpteur
gothique qui modela avec des doigts tremblants le visage de la
 
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