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Galerie Moos (Genf); Hodler, Ferdinand [Ill.]
Exposition Ferdinand Hodler: 11 mai-30 juin 1918 — Genève: Galerie Moos, 1918

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https://doi.org/10.11588/diglit.72882#0024
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— i6 —

il a percé les apparences ; « des yeux il est allé jusques au cœur,
et par le mouvement du dehors il connaît ce qui se passe au
dedans ». Il a découvert l'identité des sentiments et des formes
que modifie cependant la diversité des tempéraments; et cette
variété dans l'unité, c'est son parallélisme. Mais il ne le limite
pas à l'homme; son instinct de généralisation va s'étendre et
comme des ondes, gagner et contenir toute cette nature au centre
de laquelle il vit. La loi qu'il a surprise, il va la rechercher par-
tout — et va la découvrir. La terre et le ciel, les pierres et les
arbres, les nuages, les vagues et jusqu'aux moindres frémisse-
ments de l'eau vont s'ordonner en rythmes. Vastes paysages
ceux-là, inhumains encore, mais qui saisissent l'âme et la laissent
bouleversée comme si elle avait approché un dieu, — le dieu des
forces élémentaires. Ce fut, sembla-t-il, le point culminant de sa
vie d'artiste, le temps des grandes et significatives constructions.
C'est le moment où derrière lui se groupe toute la jeune école,
où il semble qu'un art renouvelé et rafraîchi aux sources éter-
nelles va enfin s'épanouir. Il n'en fut rien. On approcha Hodler,
on l'imita; on ne l'a pas compris ; on lui a emprunté un langage
dont on ne saisit point le sens. Tandis que Hodler disait des
choses essentielles, les autres parlaient vainement.
Il avait vu la vérité des faits; les autres n'en avaient même
pas saisi l'apparence qui peut être conçue comme réalité. Faits
généraux d'ailleurs, vérités éternelles, instinctives: Amour,
Effroi, Désir, Mélancolie, Désespérance, tout cela s'ordonne en
vastes architectures plastiques dont la vivante immobilité fait
songer aux Temples dont les frontons étaient peints de ces cou-
leurs violentes, arbitraires et rudes, qui parent les Femmes
de « l'Emotion », de « l'Heure Sacrée » ou du « Regard dans
l'Infini ». Art sévère, austère et dur, art viril et si géométrique
encore qu'il atteint surtout les esprits sensibles à l'aride beauté
des nombres, et qui savent goûter dans l'ondulation d'un profil,
dans les rapports des volumes, dans le contraste des accents
 
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