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https://doi.org/10.11588/diglit.75293#0023
DE FL0 R E NCE. 13
Son éloquence & fa fcience le rendirent recommandable, & ee ne fut pas fans
fuccès qu'il cultiva la Poéfie. Doux avec fes amis : modéré avec fes ennemis : ne
trouvant de charmes aux plaifirs que dans les bras d'une époufe chérie , plus
grand qu'AIexandre qu'il avoit furpaffé par fa clémence, fa tempérance & fes
autres vertus, il eut, dit Tacite, égalé fa gloire s'il eut été revêtu de l'autorité
Royale. L'éclat de fes vertus avoit frappé tellement Augufte, qu'après avoir
héfité long-tems s'il fe le donneroit pour fucceffeur, il le recommanda à Tibère
pour qu'il en fut adopté.
Cette adoption eut coûté cher à cet Empereur, fi Germanicus eut eu lame
moins grande; mais celui ci,qui,bien facilement, l'eut dépouillé de l'Empire,regarda
comme un outrage l'offre qu'on lui en fit, & dit fièrement qu'il mourroit plutôt
que de fauffer un ferment & de violer la fidélité promife à Tibère. Plufieurs fois il
donna des preuves de fes talens militaires. Vainqueur des Germains , il triompha
fous le Confulat de C. Cælius Rufus & de L. Pomponius Flaccus. Les Arméniens
reçurent un Roi de fes mains, & le Sénat lui décerna les honneurs de l'Ovation,
II réduifit en forme de Provinces la Cappadoce & la Commagêne. Enfin, après
deux Confulats glorieux, dans la trente-quatrième année de fon âge, il mourut à
Antioche regretté de Rome & des Nations étrangères. II a foupçonné lui-même
qu'il fuccomboit victime du poifon que lui avoient préparé Pifon & Plancine.
D'autres attribuent fa mort à Tibère ; mais on n'a rien de certain fur ces
faits.
La nouvelle de la mort de Germanicus caufa la plus grande fenfation dans Rome.
Sans attendre l'ordre des Magifirats , ni l'arrêt du Sénat , on ferma les maifons , on
abandonna les tribunaux; profond filence par-tout, profonds foupirs, rien d'étu-
dié, rien d'affecté, & quoique dans les habits on portât les marques d'un grand
deuil on en portoit encore un plus grand dans le cœur.
Le Sénat enfuite décerna à fa mémoire toutes fortes d'honneurs; il fut ordonné
que fon nom feroit chanté par les Prêtres Saliens; que dans les cérémonies des
Prêtres d'Augufte on lui poferoit le fiége d'yvoire & la couronne de chêne
par-deffus; que dans les jeux du Cirque, fon effigie faite d'yvoire feroit portée la
première ; que nul ne fuccéderoit à fa dignité d'augure, qui ne fut de la maifon
des Céfars; qu'à Rome, en Allemagne, fur le bord du Rhin & en Syrie, fur
le Mont-Amanus, on lui érigeroit des ares de triomphe avec des inferiptions,
qui feroient mention de fes exploits & de fa mort; qu'on lui élèveroit un tombeau
à Antioche où fon corps avoit été brûlé , & un tribunal à Epydafné, faux-
bourg d'Antioche, où il étoit mort. Il feroit difficile de compter toutes les
Son éloquence & fa fcience le rendirent recommandable, & ee ne fut pas fans
fuccès qu'il cultiva la Poéfie. Doux avec fes amis : modéré avec fes ennemis : ne
trouvant de charmes aux plaifirs que dans les bras d'une époufe chérie , plus
grand qu'AIexandre qu'il avoit furpaffé par fa clémence, fa tempérance & fes
autres vertus, il eut, dit Tacite, égalé fa gloire s'il eut été revêtu de l'autorité
Royale. L'éclat de fes vertus avoit frappé tellement Augufte, qu'après avoir
héfité long-tems s'il fe le donneroit pour fucceffeur, il le recommanda à Tibère
pour qu'il en fut adopté.
Cette adoption eut coûté cher à cet Empereur, fi Germanicus eut eu lame
moins grande; mais celui ci,qui,bien facilement, l'eut dépouillé de l'Empire,regarda
comme un outrage l'offre qu'on lui en fit, & dit fièrement qu'il mourroit plutôt
que de fauffer un ferment & de violer la fidélité promife à Tibère. Plufieurs fois il
donna des preuves de fes talens militaires. Vainqueur des Germains , il triompha
fous le Confulat de C. Cælius Rufus & de L. Pomponius Flaccus. Les Arméniens
reçurent un Roi de fes mains, & le Sénat lui décerna les honneurs de l'Ovation,
II réduifit en forme de Provinces la Cappadoce & la Commagêne. Enfin, après
deux Confulats glorieux, dans la trente-quatrième année de fon âge, il mourut à
Antioche regretté de Rome & des Nations étrangères. II a foupçonné lui-même
qu'il fuccomboit victime du poifon que lui avoient préparé Pifon & Plancine.
D'autres attribuent fa mort à Tibère ; mais on n'a rien de certain fur ces
faits.
La nouvelle de la mort de Germanicus caufa la plus grande fenfation dans Rome.
Sans attendre l'ordre des Magifirats , ni l'arrêt du Sénat , on ferma les maifons , on
abandonna les tribunaux; profond filence par-tout, profonds foupirs, rien d'étu-
dié, rien d'affecté, & quoique dans les habits on portât les marques d'un grand
deuil on en portoit encore un plus grand dans le cœur.
Le Sénat enfuite décerna à fa mémoire toutes fortes d'honneurs; il fut ordonné
que fon nom feroit chanté par les Prêtres Saliens; que dans les cérémonies des
Prêtres d'Augufte on lui poferoit le fiége d'yvoire & la couronne de chêne
par-deffus; que dans les jeux du Cirque, fon effigie faite d'yvoire feroit portée la
première ; que nul ne fuccéderoit à fa dignité d'augure, qui ne fut de la maifon
des Céfars; qu'à Rome, en Allemagne, fur le bord du Rhin & en Syrie, fur
le Mont-Amanus, on lui érigeroit des ares de triomphe avec des inferiptions,
qui feroient mention de fes exploits & de fa mort; qu'on lui élèveroit un tombeau
à Antioche où fon corps avoit été brûlé , & un tribunal à Epydafné, faux-
bourg d'Antioche, où il étoit mort. Il feroit difficile de compter toutes les