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fçut par fon intégrité, par fa douceur obtenir une ftatue avec cette infcription,
au Publicain honnête homme; ( infcription d'autant plus flatteufe que les qualités
qu'elle exprime furent toujours très-rares dans cet emploi), Vepafien par lui-
même devint digne de l'Empire. Son ambition ne l'y portoit pas, & naturelle-
ment il n'aimoit pas les dignités; mais fa mère l’aiguillonna par des repro-
ches & par l'exemple de Sabinus fon frère qui s'étoit ouvert lui même la
route des honneurs. Edile d'abord, avec beaucoup de peine, il parvint enfuite
à la Préture. Attribuons quelques traits de flatterie balle qu'il le permit fous
Caligula, à cette néceffité malheureufe d'être prefque toujours rampant à la
Cour pour parvenir. Par les nœuds du mariage il s'affocia Domitia , libre
d'origine, quoique foupçonnée alors de n'être que fimple affranchie; mais plus
affortie à fa naillance qu'au rang où il étoit parvenu. Domitia le rendit père
de Tite , de Domitien & de Domitille. Vefpafien perdit fon époufe & fa fille
avant d'être Empereur, & demeurant veuf le refie de fa vie, il ne vécut plus
qu'avec l'affranchie Cénis & quelques autres concubines qui lui fuccédèrent. Sous
Claude, fait Commandant d'une Légion, d'abord en Germanie, puis dans la
Grande-Bretagne, fa conduite lui mérita les ornemens du triomphe, un double
Sacerdoce & enfin le Confulat. Sous Néron, devenu Proconlul d'Afrique, Vef-
pafien acquit une réputation bien incertaine, & Suétone , contredit par Tacite,
malgré l'éloge qu'il fait de lui, ne laide pas d'avouer que, dans une fédition
qui s'éleva à Adrumète , la multitude lui jetta des raves à la tête, infulte à l'abri
de laquelle doit fe trouver tout Chef irréprochable. Il accompagna Néron dans
fon voyage de Grèce : fon indifférence pour la voix & les chants de ce Prince
penfa lui coûter la vie. Banni de la préfence de l'Empereur, retiré dans une
petite Ville écartée, il y reçut cependant les provifions de Lieutenant pour
la guerre contre les Juifs, & cette guerre devenue confidérable', conduite par
Vefpafien avec honneur, fut le figue, pour ainfi dire, de fon élévation future:
ligne bien plus certain que ces préfages merveilleux rapportés par Suétone, &
fur lefquels Tacite avoue avec franchife que l'évènement feul l'a rendu bien
fçavant. Après la mort de Néron , de Galba en l'honneur duquel il avoit
fait faire le ferment de fes Troupes, & celle d'Othon , ce furent cependant
ces préfages, les prédirions d'un Prêtre de Paphos, les prophéties de Bafilide au
Carmel , & la profanation des Oracles divins concernant le Meffie, appli-
qués à ce Prince par l'aveugle Jofephe, qui le déterminèrent à confentir aux
vues de Mucien & à profiter des difpofitions favorables des Troupes pour
attaquer Vitellius & s'emparer de l'Empire. Ce fut d'abord en Mœfie que les
fçut par fon intégrité, par fa douceur obtenir une ftatue avec cette infcription,
au Publicain honnête homme; ( infcription d'autant plus flatteufe que les qualités
qu'elle exprime furent toujours très-rares dans cet emploi), Vepafien par lui-
même devint digne de l'Empire. Son ambition ne l'y portoit pas, & naturelle-
ment il n'aimoit pas les dignités; mais fa mère l’aiguillonna par des repro-
ches & par l'exemple de Sabinus fon frère qui s'étoit ouvert lui même la
route des honneurs. Edile d'abord, avec beaucoup de peine, il parvint enfuite
à la Préture. Attribuons quelques traits de flatterie balle qu'il le permit fous
Caligula, à cette néceffité malheureufe d'être prefque toujours rampant à la
Cour pour parvenir. Par les nœuds du mariage il s'affocia Domitia , libre
d'origine, quoique foupçonnée alors de n'être que fimple affranchie; mais plus
affortie à fa naillance qu'au rang où il étoit parvenu. Domitia le rendit père
de Tite , de Domitien & de Domitille. Vefpafien perdit fon époufe & fa fille
avant d'être Empereur, & demeurant veuf le refie de fa vie, il ne vécut plus
qu'avec l'affranchie Cénis & quelques autres concubines qui lui fuccédèrent. Sous
Claude, fait Commandant d'une Légion, d'abord en Germanie, puis dans la
Grande-Bretagne, fa conduite lui mérita les ornemens du triomphe, un double
Sacerdoce & enfin le Confulat. Sous Néron, devenu Proconlul d'Afrique, Vef-
pafien acquit une réputation bien incertaine, & Suétone , contredit par Tacite,
malgré l'éloge qu'il fait de lui, ne laide pas d'avouer que, dans une fédition
qui s'éleva à Adrumète , la multitude lui jetta des raves à la tête, infulte à l'abri
de laquelle doit fe trouver tout Chef irréprochable. Il accompagna Néron dans
fon voyage de Grèce : fon indifférence pour la voix & les chants de ce Prince
penfa lui coûter la vie. Banni de la préfence de l'Empereur, retiré dans une
petite Ville écartée, il y reçut cependant les provifions de Lieutenant pour
la guerre contre les Juifs, & cette guerre devenue confidérable', conduite par
Vefpafien avec honneur, fut le figue, pour ainfi dire, de fon élévation future:
ligne bien plus certain que ces préfages merveilleux rapportés par Suétone, &
fur lefquels Tacite avoue avec franchife que l'évènement feul l'a rendu bien
fçavant. Après la mort de Néron , de Galba en l'honneur duquel il avoit
fait faire le ferment de fes Troupes, & celle d'Othon , ce furent cependant
ces préfages, les prédirions d'un Prêtre de Paphos, les prophéties de Bafilide au
Carmel , & la profanation des Oracles divins concernant le Meffie, appli-
qués à ce Prince par l'aveugle Jofephe, qui le déterminèrent à confentir aux
vues de Mucien & à profiter des difpofitions favorables des Troupes pour
attaquer Vitellius & s'emparer de l'Empire. Ce fut d'abord en Mœfie que les