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https://doi.org/10.11588/diglit.75293#0102
92 L E MUSEU M.
toutes leurs richeffes : puis, après avoir comblé de biens la mère de Darius
qu'il refpe&oit comme la fienne , il s'avance vers la contrée des Uxiens , &
défait complètement Madate qui, commandoit cette Province Averti que l'on
vouloit piller les tréfors de Darius à Perfépoiis, il hâte fa marche vers cette
Ville; un pont qu'il fait conftruire lui facilite le paffage de l'Araxe. A quelques
pas de Perfépoiis, un fpe&acle affreux tire de fes yeux des larmes qui hono-
rent l'humanité , ^ ce Conquérant qui , chaque jour , immoloit à fon orgueil
des milliers d'hommes, fond en pleurs à la vue de huit cent prifonniers Grecs,
que la barbarie de leurs Vainqueurs avoit mutilés : tant eft puisante la force
de la Nature ! Hélas ! pour vanger cette infulte faite à l'humanité, il va
l'outrager encore; le maffacre de Perfépoiis eft réfolu , ce maffacre eft exécuté,
& le feul ordre qui puiffe faire honneur à ce Conquérant fanguinaire , eft celui
de ne pas attenter à la pudicité des femmes. Sous les monceaux des victimes
immolées à fa rage guerrière, Alexandre trouva trois cent foixante millions
d'argent, ht tout ce que l'on avoit pu ramaffer de précieux. La prife de Pafar-
gade lui procura dix-huit millions encore. Fautif que le féjour d'Alexandre
à Perfépoiis réveille une idée bien trifte en tout tems, & fur-tout lorfqu'on
ne parle de ce Prince qu'en travaillant pour les Arts? Le confeil de Thaïs,
Courtifanne célèbre, de brûler le Palais de Xerxès, trop légèrement fuivi,
faille une tache à ce Conquérant moins facile à faire diiparoître que le
regret momentané qu'il témoigna de fa folie. Pour éloigner ce fouvenir, rap-
pellons-en un plus gracieux. Le refpe& pour fa mère , la belle réponfe
faire à Antipater , & ce cachet mis de la main même d'Alexandre fur les
lèvres d'Epheftion, pour lui imprimer le fecret au fujet d'une lettre très-vive
d'OIympias , font à jamais honneur à fa mémoire.
La mauvaife fortune de Darius le pourfuivoit avec autant d'opiniâtreté
qu'Alexandre. Réfugié à Eebatane, il la fuit fur la nouvelle, que fon ennemi
l'approche; mais les propres armes de fes Sujets lui font plus funeftes que celles
d'Alexandre : Nabar^anne & Beffus, deux de fes Généraux , A deux traîtres le
chargent de chaînes, que leur métal, qui étoit l'or, rendoit plus infultantes;
ils vouloient avoir ou leur rançon en vendant leur Roi au Vainqueur, ou le
tuer s'ils échappoient à Alexandre, pour régner à fa place & recommencer la
guerre. Il ne réuffit de leurs projets que ceux qui tenoient à leur trahifon;
car Alexandre à cette nouvelle précipita fa marche, & au feul bruit de fou
arrivée les traîtres difparurent après avoir percé de traits le corps de leur
Souverain. Darius expirant chargea Polyftrate de fouhaits, de remerqimens^
toutes leurs richeffes : puis, après avoir comblé de biens la mère de Darius
qu'il refpe&oit comme la fienne , il s'avance vers la contrée des Uxiens , &
défait complètement Madate qui, commandoit cette Province Averti que l'on
vouloit piller les tréfors de Darius à Perfépoiis, il hâte fa marche vers cette
Ville; un pont qu'il fait conftruire lui facilite le paffage de l'Araxe. A quelques
pas de Perfépoiis, un fpe&acle affreux tire de fes yeux des larmes qui hono-
rent l'humanité , ^ ce Conquérant qui , chaque jour , immoloit à fon orgueil
des milliers d'hommes, fond en pleurs à la vue de huit cent prifonniers Grecs,
que la barbarie de leurs Vainqueurs avoit mutilés : tant eft puisante la force
de la Nature ! Hélas ! pour vanger cette infulte faite à l'humanité, il va
l'outrager encore; le maffacre de Perfépoiis eft réfolu , ce maffacre eft exécuté,
& le feul ordre qui puiffe faire honneur à ce Conquérant fanguinaire , eft celui
de ne pas attenter à la pudicité des femmes. Sous les monceaux des victimes
immolées à fa rage guerrière, Alexandre trouva trois cent foixante millions
d'argent, ht tout ce que l'on avoit pu ramaffer de précieux. La prife de Pafar-
gade lui procura dix-huit millions encore. Fautif que le féjour d'Alexandre
à Perfépoiis réveille une idée bien trifte en tout tems, & fur-tout lorfqu'on
ne parle de ce Prince qu'en travaillant pour les Arts? Le confeil de Thaïs,
Courtifanne célèbre, de brûler le Palais de Xerxès, trop légèrement fuivi,
faille une tache à ce Conquérant moins facile à faire diiparoître que le
regret momentané qu'il témoigna de fa folie. Pour éloigner ce fouvenir, rap-
pellons-en un plus gracieux. Le refpe& pour fa mère , la belle réponfe
faire à Antipater , & ce cachet mis de la main même d'Alexandre fur les
lèvres d'Epheftion, pour lui imprimer le fecret au fujet d'une lettre très-vive
d'OIympias , font à jamais honneur à fa mémoire.
La mauvaife fortune de Darius le pourfuivoit avec autant d'opiniâtreté
qu'Alexandre. Réfugié à Eebatane, il la fuit fur la nouvelle, que fon ennemi
l'approche; mais les propres armes de fes Sujets lui font plus funeftes que celles
d'Alexandre : Nabar^anne & Beffus, deux de fes Généraux , A deux traîtres le
chargent de chaînes, que leur métal, qui étoit l'or, rendoit plus infultantes;
ils vouloient avoir ou leur rançon en vendant leur Roi au Vainqueur, ou le
tuer s'ils échappoient à Alexandre, pour régner à fa place & recommencer la
guerre. Il ne réuffit de leurs projets que ceux qui tenoient à leur trahifon;
car Alexandre à cette nouvelle précipita fa marche, & au feul bruit de fou
arrivée les traîtres difparurent après avoir percé de traits le corps de leur
Souverain. Darius expirant chargea Polyftrate de fouhaits, de remerqimens^