LE MUSEUM
vieille tradition, Hercule n'avoit pu prendre, fut fournis ,par les armes de ce
Guerrier : fon bonheur tenoit du prodige. La prife d Ecbolme lui ouvrit
enfuite une route vers l'Indus : près des bords de ce fleuve, alloit régner
Omphis par la mort de fon père ; mais ce Prince voulut tenir fa Couronne
de la main d'Alexandre; c'étoit à fes yeux le moyen de l'affermir : il avoit
d'ailleurs deux voifins à combattre, Abifare & Porus, & les fecours du Roi
de Macédoine lui devenoient néceflaires. A cette nouvelle, Abifare ne tarda
pas à fe rendre; mais il n'en fut pas de même de Porus: ce Prince étoit
incapable de céder fur le bruit feul de la renommée de fon ennemi ; de
part & d'autres il fallut donc combattre. Porus avoit pour lui le courage de
fes Troupes, fa valeur, & l'Hidafpe, qui, comme un large bras de Mer,
fembloit le protéger; mais Alexandre avoit la hardieffe , la rufe & fon bonheur.
La rufe lui facilita le paffage du fleuve, la hardieffe le fit attaquer la nom-
breufe armée de fon ennemi, & fon bonheur le fit vaincre. Porus vaincu n'en
étoit pas moins grand, & Alexandre fçut l'apprécier : il le traita en Roi,
fuivant la noble réponfe que lui avoit fait Porus: il lui rendit fes Etats qu'il
aggrandit de quelques Provinces, 6c Porus demeura toujours fidèle au Vain-
queur qui bâtit deux Villes en ces lieux, l'une où il avoit paffé le fleuve, &
qu'il nomma Nicée ; l'autre où s'étoit donnée la bataille, & que du nom de
ion cheval qui y périt il appella Bucephalie. De pareilles conquêtes étonnoient
Alexandre lui-même , & les Dieux qu'il en regarda comme Auteurs reçurent
de lui des avions de grâces & des facrifices folemnels.
Après la victoire fameufe dont nous venons de parler, Alexandre pénétra
plus avant dans les Indes, &, fe regardant comme perfonnellement chargé
de la conquête de l'Univers , il fubjuguoit tout ce qui fe rencontroit fur fes
pas : à fa rencontre il falloit céder ou périr : les fleuves les plus rapides n'étoient
point des obffacles à fa marche, il traverfe l'Acéfine, puis l'Hydraote , s'avance
contre les Cathéens qui s'étoient campés près de Sangale, les défait dans une
bataille rangée , & renverfe leur Ville jufques aux fondement.
Alexandre profitera-t-il des leçons des fages de ce pays qui lui apprennent
qu'il ne diffère du refte des hommes que parce qu'il eft plus ambitieux, que
chacun ne pofsède de la terre que ce qu'il peut en occuper, & qu'au plus grand
Conquérant il ne reftera de fes victoires que l'efpace étroit de fa fépulture?
S'il n'en profite pas, il en fera, du moins, étonné, & fon ame grande defi-
rera s'unir à quelques-uns d'entre eux. Calanus, l'un de ces Brachmanes touché
de fes defirs, quitta fa folitude pour la fuivre, & fouvent, fous des paraboles
vieille tradition, Hercule n'avoit pu prendre, fut fournis ,par les armes de ce
Guerrier : fon bonheur tenoit du prodige. La prife d Ecbolme lui ouvrit
enfuite une route vers l'Indus : près des bords de ce fleuve, alloit régner
Omphis par la mort de fon père ; mais ce Prince voulut tenir fa Couronne
de la main d'Alexandre; c'étoit à fes yeux le moyen de l'affermir : il avoit
d'ailleurs deux voifins à combattre, Abifare & Porus, & les fecours du Roi
de Macédoine lui devenoient néceflaires. A cette nouvelle, Abifare ne tarda
pas à fe rendre; mais il n'en fut pas de même de Porus: ce Prince étoit
incapable de céder fur le bruit feul de la renommée de fon ennemi ; de
part & d'autres il fallut donc combattre. Porus avoit pour lui le courage de
fes Troupes, fa valeur, & l'Hidafpe, qui, comme un large bras de Mer,
fembloit le protéger; mais Alexandre avoit la hardieffe , la rufe & fon bonheur.
La rufe lui facilita le paffage du fleuve, la hardieffe le fit attaquer la nom-
breufe armée de fon ennemi, & fon bonheur le fit vaincre. Porus vaincu n'en
étoit pas moins grand, & Alexandre fçut l'apprécier : il le traita en Roi,
fuivant la noble réponfe que lui avoit fait Porus: il lui rendit fes Etats qu'il
aggrandit de quelques Provinces, 6c Porus demeura toujours fidèle au Vain-
queur qui bâtit deux Villes en ces lieux, l'une où il avoit paffé le fleuve, &
qu'il nomma Nicée ; l'autre où s'étoit donnée la bataille, & que du nom de
ion cheval qui y périt il appella Bucephalie. De pareilles conquêtes étonnoient
Alexandre lui-même , & les Dieux qu'il en regarda comme Auteurs reçurent
de lui des avions de grâces & des facrifices folemnels.
Après la victoire fameufe dont nous venons de parler, Alexandre pénétra
plus avant dans les Indes, &, fe regardant comme perfonnellement chargé
de la conquête de l'Univers , il fubjuguoit tout ce qui fe rencontroit fur fes
pas : à fa rencontre il falloit céder ou périr : les fleuves les plus rapides n'étoient
point des obffacles à fa marche, il traverfe l'Acéfine, puis l'Hydraote , s'avance
contre les Cathéens qui s'étoient campés près de Sangale, les défait dans une
bataille rangée , & renverfe leur Ville jufques aux fondement.
Alexandre profitera-t-il des leçons des fages de ce pays qui lui apprennent
qu'il ne diffère du refte des hommes que parce qu'il eft plus ambitieux, que
chacun ne pofsède de la terre que ce qu'il peut en occuper, & qu'au plus grand
Conquérant il ne reftera de fes victoires que l'efpace étroit de fa fépulture?
S'il n'en profite pas, il en fera, du moins, étonné, & fon ame grande defi-
rera s'unir à quelques-uns d'entre eux. Calanus, l'un de ces Brachmanes touché
de fes defirs, quitta fa folitude pour la fuivre, & fouvent, fous des paraboles