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Murger, Henri; Gill, André [Ill.]
La vie de bohème — Paris, [1877]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8482#0043
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LA VIE DE BOHEME

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répondit par un petit discours qui n'était tiré d'aucun bouquin,
n'appartenait par aucun point au beau style, et parlait tout
simplement le bon patois de la naïveté qui fait si bien com-
prendre ce qu'il dit si mal.

— Est-il bête ce philosophe ! murmura Schaunard, qui avait
le nez dans son verre, voilà qu'il me force à mettre de l'eau
dans mon vin.

Après le dîner on alla prendre le café à Momus, où on avait
déjà passé la soirée la veille. Ce fut à compter de ce jour-là
que l'établissement devint inhabitable pour les autres habitués.

Après le café et les liqueurs, le clan bohème, définitivement
fondé, retourna au logement de Marcel, qui prit le nom à'Élysée
Schaunard. Pendant que Colline allait commander le souper
qu'il avait promis, les autres se procuraient des pétards, des
fusées et d'autres pièces pyrotechniques ; et, avant de se mettre
à table, on tira par les fenêtres un superbe feu d'artifice qui
mit toute la maison sens dessus dessous, et pendant lequel les
quatre amis chantaient à tue-tête :

Célébrons, célébrons, célébrons ce beau jour !

Le lendemain matin, ils se retrouvèrent ensemble de nou-
veau, mais sans en paraître étonnés, cette fois. Avant de re-
tourner chacun à leur affaire, ils allèrent de compagnie dé-
jeuner frugalement au café Momus, où ils se donnèrent rendez-
vous pour le soir, et où on les vit pendant longtemps revenir
a -idùment tous les jours.

Tels sont les principaux personnages qu'on verra reparaître
dans les petites histoires dont se compose ce volume, qui n'est
pas un roman, et n'a d'autre prétention que celle indiquée par
son titre ; car les Scènes de la Vie de bohème ne sont en effet
que des études de mœurs dont les héros appartiennent à une
classe mal jugée jusqu'ici, et dont le plus grand défaut est le
désordre ; et encore peuvent-ils donner pour excuse que ce dé-
sordre même est une nécessité que leur fait la vie,

II

DN ENVOYÉ DE LA PROVIDENCE

Schaunard et Marcel, qui s'étaient vaillamment mis à la
besogne dès le matin, suspendirent tout à coup leur travail.

— Sacrebleu! qu'il fait faim ! dit Schaunard; et il ajouta
négligemment : Est-ce qu'on ne déjeune pas aujourd'hui?

Marcel parut très-étonné de cette question, plus que jamais
inopportune.

— Depuis quand déjeune-t-on deux jours de suite? dit-il.
C'était hier jeudi.

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