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Zürcher Kunstgesellschaft [Hrsg.]
Neujahrsblatt / Zürcher Kunstgesellschaft — 1914

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Pierre Pignolat
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https://doi.org/10.11588/diglit.43218#0008
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PIERRE PIGNOLAT

«monde», comme on dit, l'ignorait, Quelques rares et
V» Adeles amis, — ses eleves et ses collegues de l'Ecole
des Beaux-Arts, le connaissaient seuls, Encore ceux-lä
meme qui le connaissaient le mieux, le connaissaient-ils
imparfaitement, Sa vie intime avait toujours ete secrete, enveloppee
de mystere,
On le voyait, en ces dernieres annees, ä l'heure oü s'eteint le
soleil, oü, dans une brume lilas, s'allument les globes electriques,
suivre les quais ä petits pas secs et methodiques jusqu’au parc
de Mon-Repos, En ete il y passait souvent la fin de l'apres-midi,
un livre entre les doigts, observant les jeux des enfants ou laissant
l’eau lumineuse bercer son regard, II etait bien pris, petit de taille;
il marchait les pieds tres en dehors, il se tenait tres droit. Sa barbe
grisonnante et dure, son teint bilieux, ses yeux noirs brides par
l'habitude du clignement, lui donnait quelque ressemblance avec ces
vieux officiers japonais qui se reposent de la guerre en composant
des poemes, Le beret de velours dont il se coiffait dans sa classe
ne parvenait pas ä dissiper cette Impression, Il etait d'une politesse
exquise, un peu ceremonieuse, presque ecclesiastique, Il n'avait rien
d'un rapin, sauf peut-etre certains gestes descriptifs de ses mains
seches.





Tres lie avec mon pere il m'avait connu tout enfant, Comme
j'avais suivi mes parents ä Paris d'abord, dans l'Oberland ensuite,
nous restämes des annees sans nous rencontrer, En me pla^ant ä
la tete de l'Ecole des Beaux-Arts oü il professait, les circonstances
 
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