Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]: Nouvelles annales (1.1836)

III. CASQUE DE VULC1. 53

ustensiles les plus vulgaires , n'avaient pas négligé les armes qui
protégeaient la vie et faisaient la gloire des héros (1).

Des bas-reliefs, la plupart de style archaïque, de nombreu-
ses peintures de vases dont les plus anciennes appartiennent au
même style, et les plus récentes à la décadence de l'art Repré-
sentent le combat d'Hercule et d'Apollon au sujet du trépied
sacré. Ces compositions expriment manifestement la lutte en-
tre deux cultes analogues pour leur sens , mais différents par
leur forme et leur origine En effet, si l'on suit attentivement
la succession des religions qui fleurirent dans la Grèce , on y
trouve d'abord celle des Pélasges, simple dans son but et dans
son expression, destinée à honorer la terre avec sa puissance
germinatrice et fatidique; le ciel constellé, fécondateur et fou-
droyant, dont les oracles étaient rendus dans la forêt de Do-
done par des colombes perchées sur les arbres sacrés; en Italie,
par le dryocolapte, oiseau divin, symbole de Mars à Tiora. A
ce culte succède celui d'Apollon et de Diane, apporté de
l'Asie centrale par les colonies hyperboréennes, laissant de
profonds vestiges sur les côtes du Pont-Euxin et de la Troa-
de, envahissant le nord de la Grèce, une partie de l'Epire, le
Parnasse, l'Eubée, Délos, et s'étendant jusque dans la Crète (2).
Avec les nouvelles divinités s'établissent des rites plus com-
pliqués, un symbolisme plus étendu, des attributions sacrées
plus complètes. Les oracles , les saisons , la vie humaine, celle
des animaux , l'agriculture , appartiennent au fils de la mysté-
rieuse Latone. Né d'une mère dont les courses vagabondes et la
longue gestation semblent être l'image de la marche progressive
d'un culte nouveau s'avançant avec l'émigration asiatique, Apol-
lon n'a vu le jour que dans l'île de Délos dont le nom même
exprime une grande révélation religieuse. C'est aussi là qu'ap-

(1) Aucun fragment d'armure grecque n'égale en beauté ceux qui furent long-temps
en la possession de M. le chevalier Brondsted. Leur forme laisse incertaine la destina-
tion de ces admirables bas-reliefs repousses; mais, soit qu'ils aient appartenu aux
garde-joues d'un casque, soit qu'ils aient été appliqués aux épauliëres d'une cui-
rasse, leur composition et leur exécution attestent un talent digne des premiers ar-
tistes du temps de Pyrrhus.

(2) Homer. Hymn, in Jpoll., y, 216 seqq.