Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]: Nouvelles annales (1.1836)

V. LETTRE A M. GKOTEFENJ). 133

leurs(l), pourraient seuls autoriser, jusqu'à un certain point,
la leçon 022EQM, des Osséens , qui a prévalu ; mais, sur un
exemplaire encore inédit de notre Cabinet, où la légende est
ainsi disposée (2) : MQ 22 E O, il n'est pas possible de trouver la
leçon 022EQM dans aucune combinaison ; la seule qui s'en rap-
proche, fi22EOM, présente une forme d'une telle barbarie,
qu'on ne peut l'attribuer à une main grecque; tandis que la le-
çon Mf222EO, bien qu'il s'y trouve une double f aute dans l'in-
terversion des lettres f> et O, n'offre pourtant qu'une de ces inad-
vertances fréquentes sur les monnaies grecques, et faciles à con-
cevoir et à admettre. Quant au nom de Mossès, qui résulte de l'in-
scription M022EO, au génitif ionien, c'est un nom de chef on de roi
de quelque peuple thrace, formé comme ceux de Polies, roi des
Odomantes, cité par Thucydide (3), de Térès, roi des Odryses,
de Pylhès, de Proies, et autres magistrats d'Abdbre, connus par
la numismatique ou par l'histoire; en sorte que je ne fais plus
de difficulté d'attribuer les médailles qui nous occupent, et où
se montre si sensiblement l'imitation de celles d'Alexandre Ier,
de Macédoine, et de ses successeurs immédiats, à un chef ou
roi des Bisaltes, contemporain de ces princes.

placé sur cette médaille, a donné lieu à M. Mionnet d'y lire OlIEÙ.1, mais c'est avec
raison que celte leçon a été déclarée vicieuse par M. Letronne dans le Journal des
Savants, février 1833, p. 47, l). J'ajoute, à cette occasion, qu'une disposition pareille
de la même lettre M, sur une médaille de Maronèe, S AP , a inckiit plus d'un anti-
quaire à attribuer cette médaille à Sardes. Voyez-en un dessin dans le Recueil de
Mèd. grecq. inéd. de M. de Gadalvène, pl. i, n° 6.

(1) Voy. Cousinéry, Voyage, etc., pl. ti, n° 14; Millingen, Ane. Coint, etc.,
pl. ni, n° 3. Cette médaille est tirée du cabinet de M. Ilamilton.

(2) "Voy. la planche ci-jointe B, n» 9.

(3) Tbucydid., VI, g. Je rappelle à cette occasion que le même auteur parle d'un
Pittacus, roi des Édoniens, Tbucydid., IV, 107 : ïlnrxxco tov 'RSûvav (ïamltai; et
nous venons de recouvrer des médailles d'un autre roi du même peuple , Gélas, mé-
dailles qui portent la double inscription : TETA2 H A ONE ON B A2IAEY2, et TETA
EA2IAEQ.2 HAQNAN, Trésor de Numismat., pl. \\, n. 7 et 9 ; d'où résulte pour
nous la preuve positive que, dès une assez haute époque, les chefs ou rois des divers
peuples delà Thrace, Odryses, Edoniens, Bisaltes, Etimes, Pœoniens, Odomanles,
Lyncestes, faisaient frapper des médailles à leur nom, d'après des coins de fabrique
macédonienne et de travail grec, et ce qui fournit une grave présomption à l'appui
de l'attribution que je fais de nos médailles à HJossès, roi des Bisaltes.