Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]: Nouvelles annales (1.1836)

216 IX. ÉTUDE DE LA RELIGION PHRYGIENNE

sans descendre jusqu'au fond même des idées. C'est donc à la
cause et au sens même des croyances religieuses que nous pré-
tendons nous attaquer, non sans reconnaître sans doute l'ex
trême difficulté de c*ette recherche, mais convaincus aussi que,
hors de cette voie, les travaux les plus doctes portent en eux-
mêmes un germe de hasard et de futilité.

IL Dans l'état où nous trouvons ces questions, sans autre
guide que la lueur vague qu'a répandue l'école dite symbolique,
la doctrine religieuse, en apparence la plus confuse, est peut-
être encore celle dont nous pouvons aborder l'examen avec le
plus de confiance. Cette doctrine, en effet, nous apparaît dans
son état d'obscurité antique, et sans que les modernes se soient
imaginés , jusqu'à ce jour, en avoir rien compris; par consé-
quent, sans que nous ayons à rencontrer sur notre route aucun
de ces préjugés robustes qui équivalent, pour bien des gens, à
des vérités démontrées.

Ainsi, la religion de Cybèle se compose d'une suite de mons-
truosités devant lesquelles la raison chrétienne a dû naturelle-
ment reculer. On a mis sur le compte d'une folie sans frein et
sans objet l'éviration des Galles et celle d'Atys, leur type reli-
gieux 5 les fureurs de ses prêtres, leurs courses, leurs danses san-
glantes, leurs sauvages hurlements, n'ont pas été jugés par les
philosophes dignes d'une attention plus sérieuse que les danses
et les tournoiements des derviches, qui se pratiquent encore
dans les contrées habitées jadis par les Galles. De là, ce carac-
tère particulier qu'a la religion de Cybèle, d'offrir encore, après
tant de travaux, un champ presque inexploré.

Si la religion de Cybèle présentait, comme l'ont cru tant
de critiques modernes, une exception tout-à-fait insolite, s'il
était permis d'isoler ce système de tous les autres, notre recher-
che n'aurait sans doute qu'un degré médiocre d'utilité, et peut-
être devrions-nous laisser aux physiologistes et aux médecins
un genre d'investigation qui tient plus, sous bien des rapports,
à l'histoire des maladies mentales qu'à celle de l'intelligence
humaine dirigée par le libre exercice de la raison.

Les études qui vont suivre détruiront, nous n'en doutons