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Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Editor]
Nouvelles annales — 1.1836

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Lenormant, Charles: Étude de la religion phrygienne de Cybèle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.9421#0249

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de cybele. 239

XI. Je reviendrai tout à l'heure, dans le § IV, sur le caractère
igné de la mère des dieux. Il me reste maintenant à considérer
un second rapport qui existe entre l'histoire des aérolithes et
le récit mythologique de Tirnothée. Les aérolithes ont été lancés
du ciel par une puissance inconnue, et sont tomhés au hasard
sur la terre; la pierre de la Mère des dieux a été jetée de même
avec les autres pierres du mont Agdus, par Deucalion et Pyrrha,
et sans que les rénovateurs indirects du genre humain aient fait
attention aux lieux où tombaient les pierres qu'ils lançaient.
L'idée de jet et celle de hasard et de sort paraissent donc étroi-
tement liées à l'origine de la Mère des dieux. Comment se fait-il
qu'en même temps les noms qui, en Phrygie, désignent la
pierre elle-même, et la montagne où elle a été trouvée, Pessinus
et Cybèle, présentent une aussi frappante analogie avec les
mots affectés chez les Grecs aux instruments des jeux de ha-
sard, Ileacro; et xuëoç?

Ici se révèle, selon nous, un nouveau caractère de la Mère
des dieux,- ici l'on commence à reconnaître en quoi consiste
cette maternité qui nous a apparu jusqu'à ce jour sous des
couleurs si contradictoires. Cybèle est mère, mais, à la manière
de la TuyT] (1) des Grecs, la Sors et la Fortuna des Latins; de
même que les aérolithes pleuvent au hasard sur la terre, de même
que les pierres tombent éparses derrière Deucalion et Pyrrha,
de même que les dés lancés par la main du joueur donnent des
combinaisons inattendues desquelles dépend la fortune du jeu,
ainsi la Mère des dieux tombe au hasard sur la terre, pierre
inanimée et néanmoins symbole fatal de la reproduction des êtres.

XII. Mais ce serait mal remplir notre cadre, que de nous
arrêter à cette portion philosophique du sujet. Le rapproche-
ment qui nous l'a fournie est peut-être lui-même une illusion
du hasard. Pour démontrer l'identité de Cybèle et de la For-
tune, il nous faut encore des preuves : ces preuves ne nous

(i) M. Panofka {Annal., I, p. SI S) a très bien établi le caractère générateur de la
déesse Tyché. Voyez aussi dans le Prodrornus de M. Gerhard ( p. 16, et note ad hune
loc.) les rapprochements ingénieux que ce savant a établis entie les Fortune» adorées
à Anlium, et les divinités d'Eleusis, si voisines de Cybèle.
 
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