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Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]
Nouvelles annales — 1.1836

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Lenormant, Charles: Étude de la religion phrygienne de Cybèle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.9421#0263

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DE CYBÈLE. 253

l'accouchement et de 1 éducation se lient d'une manière plus
étroite avec la tendresse instinctive de l'homme pour les en-
fants qu'il a engendrés.

De cette observation individuelle, il est tout simple que
l'homme passe à des remarques plus larges, et qu'il embrasse la
nature entière dans la contemplation des phases de la destruc-
tion et du renouvellement des êtres. Les mêmes douleurs, les
mêmes dangers qui assiègent l'homme à sa naissance et dans
son berceau, sont communs àux espèces dont l'organisation se
rapproche de celle de l'homme, et les espèces "entre elles ne
puisent les forces nécessaires à leur reproduction qu'en se
détruisant mutuellement. Les animaux carnassiers assouvissent
leur faim avec la chair des autres animaux; les herbivores se
contentent de détruire les plantes; de l'herbe qui sèche et jau-
nit pend la graine qui renferme une herbe nouvelle; dans le
détritus des végétaux , la reproduction des plantes puise une
force inconnue; la mort des animaux à organisation complète,
et la dissolution qui en est la suite, produisent des résultats de
fertilité plus surprenants encore; des cadavres putréfiés sortent
des moissons vigoureuses , ou même en apparence des êtres
animés. L'essaim d'abeilles qui, dans la fable d'Aristée, s'élance
des flancs putrides du taureau , est une image bien remarqua-
ble de la génération spontanée ; et il ne faut rien moins que
l'intervention divine pour révéler au jeune berger le mystère
religieux de cette reproduction.

Je me contente ici d'avoir mis le lecteur sur une voie d'ob-
servation qui peut conduire à l'intelligence de bien des énigmes
de la religion antique. Maintenant, il faut se souvenir que tout
cet ensemble révolutoire de mort et de vie dans lequel l'homme
se sent emporté, n'est point distinct à ses yeux de la Divinité
elle-même. Puisque Dieu est tout, il est la mort et la vie, la des-
truction et la reproduction ; il veut îa dissolution et le renou-
vellement des êtres; lui-même, il vit et il meurt tour à tour.
De là, pour la religion panthéistique, une conséquence frap-
pante : ce grand tout qu'on adore, c'est la vie et la mort réunies.
 
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