Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]: Nouvelles annales (1.1836)

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quand la pompe sacrée passait par les rues d'Argos, et dans la
cérémonie de Rome, les hurlements de l'assemblée semblaient
comme l'écho des cris qu'avaient dû pousser les antiques vic-
times.

Toutes ces circonstances analogues pour le fond des idées,
mais échelonnées entre elles, à raison de l'état de société auquel
chacune d'elles se rapporte, s'expliquent uniformément par la
loi de solidarité que nous avons établie plus haut entre le dieu,
l'agrégation sociale des hommes et l'individu humain. La céré-
monie n'a pas seulement pour objet de figurer la cosmogonie
divine, elle place aussi sous l'égide de ce mystère redoutable la
Fortune du peuple, lequel ne se conserve que par la cohésion ,
et qui, par conséquent, est une image de la divinité elle-même,
dont la cohésion fait la force et la durée. La mort et la résur-
rection de la divinité, figurées dans le bain mystique, représen-
tent au peuple les chances de destruction et d'accroissement
dont dépend sa fortune. S'il veut prospérer, il faut qu'il se dé-
voue, comme la divinité elle-même, à la mort dans un ou plu-
sieurs de ses membres, ou bien encore dans un symbole qui le
représente lui-même, et puisse être accepté comme son propre
équivalent.

Cette nécessité se trouve accomplie dans les différents lieux
où le bain mystique était pratiqué , et cela avec une variété de
formes qui nous éclaire sur une des applications les plus fré-
quentes de la subtilité de l'esprit chez les anciens. On peut
croire qu'à l'origine de la cérémonie, le choix des victimes dut
se faire, non en dehors du peuple, mais dans ce qu'il renfermait
de plus pur. Les exigences de la superstition s'exprimaient alors
sans détour, et les nations qui avaient inventé l'immolation des
premiers nés ne devaient éprouver aucun scrupule à se déci-
mer pour apaiser le courroux des dieux. Toutefois, l'usage
dut prévaloir de bonne heure de consacrer pour victimes les
criminels, les prisonniers de guerre, les esclaves. C'est dans cet
état que nous trouvons les choses chez les Germains dont parle
Tacite. Il faut convenir que, si l'on compare cette coutume a
celle qu'avaient les Phéniciens d'assouvir leur Moloch avec le