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Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Editor]
Nouvelles annales — 1.1836

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Lenormant, Charles: Étude de la religion phrygienne de Cybèle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.9421#0279

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DE CYBÈLE. '2(19

Crobe nous raconte (l)qu'Hercule ayant trouvé en Italie des sa-
crifices humains établis en l'honneur de Saturne, il substitua à
cet usage une offrande des plus innocentes, et pour atteindre
ce but, il n'eut qu'à interpréter l'oracle grec qui avait commandé
le sacrifice. L'oracle avait demandé pour Saturne des têtes
d'hommes, <pÔTa, et Hercule fit sacrifier à leur place des oscilla
imitant des têtes d'hommes. Cette historiette me fait souvenir
que les mots qui veulent dire en grec pierre et peuple, sont
identiques, Xaç et "Xaoç. Puisque la vieille population italiote
obéissait à des oracles conçus en grec, qui nous empêche de
croire qu'un jeu de mots semblable à celui que la tradition
prête à Hercule, ait contribué à adoucir la cérémonie du bain
mystique de la Mère des dieux, déshonorée peut-être d'a-
bord par des sacrifices humains? Au moins ne niera-t-on pas
que l'analogie qui se rencontre dans les mots existe déjà dans
le fonds même des idées. En tout cas, pour qu'on croie avec
nous que la pratique des victimes humaines ne fut pas étrangère
aux plus anciennes cérémonies du bain mystique, il suffit de se
rappeler que l'introduction de cette coutume eut lieu dans !<•
moment du plus grand danger que Rome eût couru depuis
l'invasion des Gaulois; et les Romains qui, dans des circonstan-
ces ordinaires, immolaient des hommes à Jupiter Latialis(2),
durent avoir recours, au sein du péril dont Annibal les mena-
çait, à un moyen de salut que la superstition antique regardait
comme très efficace. L'histoire a reproché à Marius(3) et même,
à César (4) d'avoir immolé des hommes dans des circonstances
critiques ; et puis, s'il est vrai, comme nous l'avons avancé précé-
demment, que le culte de la Magna-Mater ne soit qu'un renou-
vellement de la religion de l'Ops italienne, la pratique sanglante
dont les vestiges semblent s'être conservés si tard dans la céré-
monie du bain mystique, peut appartenir au fonds de la reli-
gion de Saturne, déjà si riche en barbaries de ce genre.

(1) Sat.l, 7.

(2) Minut. Fel. I. Lact. I, 21. Terlull. adv. Gnost. Porphyr. de aYislin. II, Si.

(3) Doroth. ad Clem. Alex. Protr. p. 37, Polter.

(4) Dio. Cap. XL1II, p. 22G.
 
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