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Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Editor]
Nouvelles annales — 1.1836

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Lenormant, Charles: Étude de la religion phrygienne de Cybèle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.9421#0282

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272 IX. étude de LA. religion phrygienne de cybele.

quelque sorte la même idée en l'appliquant tour à tour à des
corps essentiellement différents, tels que la terre, la lune ou une
simple pierre. Quand on entre dans ces idées, on reconnaît ai-
sément que les Germains ont pu appeler génériquement Her-
tha une déesse qui se personnifiait successivement dans la
terre et dans la lune. Celte déesse, qui voyage au milieu
des hommes, et dont le char est traîné par des vaches, nous
rappelle l'attelage favori de la Diane Tauropole, et montre que
dans le cas spécial allégué par Tacite, c'était plutôt la lune que
la terre qu'Hertha signifiait. Dans l'usage , au contraire, l'au-
tre acception a prévalu, et les peuples d'origine germanique,
étrangers désormais aux idées religieuses qui avaient déter-
miné l'application d'une seule et même dénomination à la terre
et à la lune, ne désignent plus ainsi que la terre. En Grèce,
nous avons le char de la Pallas d'Argos pour nous guider
sur le même terrain, et nous avons encore l'attribut spécial de
la vierge athénienne, la Gorgone, pour désigner cette déesse
comme lunaire. Elle fuit devant Vulcain, le personnage ithyphal-
lique de la tradition athénienne, et cette fuite ne convient qu'à
un corps mobile tel que la lune. La Magna-Mater se dérobe aussi
aux entreprises lascives de Jupiter, et cette déesse qui, en sa
qualité de maîtresse des sorts, de fortune capricieuse, de dis-
pensatrice involontaire et fortuite des générations, nous est
déjà montrée comme identique à la lune, a par conséquent
dans le mythe un rôle qui ne messied pas à l'astre changeant et
voyageur. Le bouclier de Diomède, qu'on portait dans la céré-
monie d'Argos,et qu'on lavait en même temps que la statue de Pal-
las, nous offre encore dans sa forme circulaire une image de la
lune. Ainsi, tout tend à nous montrer que dans ce vaste ensemble
qui, à lui seul, embrasse déjà la plus grande partie de l'ancien
monde, non seulement le fond des idées elles-mêmes, mais qu'en-
core les applications de détail se lient, se croisent, et s'inter-
prètent les unes parles autres.

Ch. LENORMANT.
 
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