Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]: Nouvelles annales (1.1836)

DE M. TEXIER. 287

composé de six plaques de marbre, représente la guerre des Ti-
tans contre les dieux. Le caractère de ces figures , qui porte
l'empreinte d'une haute antiquité , n'a cependant rien de com-
mun avec les écoles de l'Étrurie et d'Egine que l'on reconnaît
dans les monuments de la Troade. Ces caractères sont d'autant
plus remarquables, que les savants d'Italie sont portés à regar-
der la civilisation de l'Etrurie comme fille des peuples lydiens.
Ce qui est constant, c'est que l'école de la Carie a dû puiser ses
principes à une autre source, et que toujours elle a été la ri-
vale de celle de Lydie, sans jamais rien lui emprunter.

Le temple de Vénus à Aphrodisias est d'ordre ionique; il est
périptère et octostyle ; ses colonnes sont cannelées, et portent
chacune une tablette avec une inscription qui atteste que plu-
sieurs citoyens ont fait les frais d'élever une de ces colonnes.
Les chapiteaux sont simples, peu évidés , et portent l'empreinte
d'un travail tort ancien ; ils sont ornés d'une palmette avec un
rang d'oves et de perles. Le portique extérieur du temple est
d'ordre corinthien; il était orné de grandes niches alternative-
ment rondes et carrées, et décorées de riches sculptures. Mais
le style indique une époque beaucoup plus récente que la con-
struction du temple,- ce portique pourrait bien être du temps
des Antonins.

Le stade d'Aphrodisias est encore entièrement conservé. Ces
monuments, qui sont si rares dans les anciennes villes d'Europe,
sont, en Asie, magnifiques et en grand nombre. Celui d'Aphro-
disias a vingt-cinq rangs de sièges en marbre blanc; la partie
supérieure était décorée d'un portique de colonnes avec des
arcades. Une chose précieuse dans ce stade, c'est une suite de
stèles qui ont supporté les statues des vainqueurs aux jeux, et
qui attestent que les citoyens de toutes les villes de l'Asie étaient
appelés à y participer.

De l'autre côté du temple est le théâtre : c'est le seul exem-
ple, dans les nombreuses villes anciennes de l'Asie, d'un stade
et d'un théâtre situés dans des quartiers différents. Entre ce
théâtre et le grand temple qui fait le centre de la ville, se
trouve l'Agora, où se voient encore aujourd'hui plus de quarante