Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]: Nouvelles annales (1.1836)

376 XVII. MONNAIES INCUSES

devient un attribut de notre Apollon Tarentin exécutant l'hy-
porchème, danse crétoise aux mouvements violents et péril-
leux (I). Au revers se trouve, gravé en creux, tantôt le même
dieu, tantôt le héros Taras, dont l'identité avec l'Apollon Del-
phinien et Phalanthe sera bientôt développée.

On voit que, respectant les idées de notre illustre collègue
et suivant la route qu'il nous a ouverte, nous avons réuni
dans une même divinité les caractères en apparence éloignés
du dieu de Delphes et des Satyres; nous trouvons de nou-
velles lumières dans une médaille où l'hyacinthe est portée
par un satyre à jambes de bouc, coiffé du pileus conique et
traînant une outre ou une cuisse de victime (2). On reconnaî-
tra un type de même nature sur une monnaie grecque que
je crois inédite, et dont voici la description.

Pan ithyphallique à pieds et queue de cheval, debout
à gauche, la main droite reposant sur sa queue, la gauche
étendue vers une femme qui, vêtue d'une longue robe, de la
main droite, élève une fleur semblable à celle de la pivoine, tan-
dis que, delà main gauche abaissée, elle tient une couronne.
Au revers, carré creux très irrégulier. Didrachme(3), fabrique
très ancienne.

Cette médaille nous offre, comme l'on voit, le dieu Pan,
peut-être Pœon, devant une divinité femelle et vêtue, qui semble
ne pouvoir être que Minerve Medica ou Paeonia( i), tenant la
couronne, symbole d'éternité, et la fleur de pivoine, Pœonia,
dont les vertus médicinales étaient si merveilleuses aux yeux

(1) Mùller, Dorians, trad. angl., lib. n, c. 8, § 14. L'examen attentif de la
médaille de Cos, où j'avais cru reconnaître Apollon dansant autour du trépied , le
tvmpanum à la main, m'a prouvé que le dieu y est représenté lançant le disque,
comme Sestini l'avait si bien vu et décrit ; Lett., t. IV, p. 31. L'attitude convient
parfaitement au mouvement nécessaire dans un tel exercice; saisissant le disque par
le bord supérieur, l'élevant au-dessus de sa tête, puis, le ramenant à la hauteur de
la cuisse, l'athlète le lançait au loin devant lui.

(2) Bronze de Nicée. Dumersan., Cat. du cab. Allier, p!. xi.
(ô) Deux exemplaires de coins différents, de ma collection.
(4) Pausan., lib. i, c. 2, § 4.