Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]: Nouvelles annales (1.1836)

DE LA GRANDE Gr.îiCE. 427

Posidonia. On lit dans les géographes anciens que le temple
de Junon Argienne ou Argonienne fut construit par Jason près
de l'embouchure du Silarus ; il était à cinquante stades de
Posidonia, et devint l'objet d'un culte spécial pour les nations
du yoisinage (1). il est permis de conjecturer que, dès l'expédi-
tion des Argonautes, le promontoire méridional du golfe de
Saierne reçut et le nom et le culte de Neptune Enipeus, divi-
nité asiatique honorée particulièrement à Milet (2). Ce Nep-
tune, comme son nom l'indique, est redoutable et mena-
çant, et l'épithète qu'il reçut à Posidonia répond bien à
l'altitude hostile de son effigie sur les monnaies posidoniates,
où il se trouve constamment figuré, brandissant son trident
pour en frapper soit un rocher, soit un ennemi invisible (3).
Cependant le geste violent de Neptune n'est pas toujours un
signe de colère. 11 est aussi celui d'une force impétueuse dans
son action, mais salutaire dans ses effets : tel est le coup de
trident d'où nait le cheval Pégase ; tel est encore celui qui
fait jaillir des sources et les délivre de leur prison souter-
raine (4).

Après les traditions argonautiques, le rivage de Posidonia
conserva celles du passage d'Hercule. Le pays voisin du Si-
larus était alors habité par une nation adonnée à la chasse
desbètes sauvages, encore abondantes aujourd'hui dans les fo-
rêts et les marécages du Sele. Diane était adorée par ce peu-
ple à demi sauvage, et Diodore raconte l'histoire d'un chasseur
qui, frustrant la déesse de ses honneurs accoutumés, osa se
dédier à lui-même la tête d'un énorme sanglier tombé sous

(1) Slrab., lib. v, c. 1 , § 1. J'ai publié dans mes études numismatiques, p. 25,
une médaille d'argent de Posidonia au type de Junon Argienne ; je l'ai rapprochée
des médailles de Sorrenlum (Hyrium), de Veseris (Phensernum) et de Crotone, por-
tant une têle absolument pareille.

(2) Lyeophr. Cassandr., \. 72 i, et Tzetz. Scho!. "ad eumd.

(ô) Telle était la pose des dieux à Tarente ; leurs statues furent négligées à dessein
par Fabius Maximus loisqu'ii dépouiila les Tarentins de leurs principales richesse*
en peinture ou en sculpture. T. Liv,, lib. xxvn , c. 1G.

(ï) Schol, ad Euripid. Phœniss., \. i9». llerodot., lib. tui, c. ->3. Apollod.,
lib. m, c. îi, S i.

». ta