Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Editor]: Nouvelles annales (1.1836)

4 GO XVIII. MÉMOIRE

copiée par M. de Kœppen, àHermanstadt, sur une table votive,
dans la collection où se trouve ce bas-relief; mais le savant
voyageur ne nous dit pas si elle provient ou non de la même
localité que ce dernier monument. Il se borne à faire obser-
ver cpje, dans les deux inscriptions, il s'agit d'un vœu fait à
Mithra et accompli en faveur de deux Romains par leur
affranchi Eulhycès. Malheureusement l'antiquité ne nous a
égué aucun document qui puisse nous indiquer l'époque à
laquelle vécurent ces divers personnages.

Line des particularités les plus remarquables que présentent
les deux bas-reliefs dont je viens de faire la description est,
sans contredit, la division de leur sujet en trois scènes ou ta-
bleaux différents. La réunion de ces diverses scènes ne se
reproduit, à ma connaissance, sur aucun autre monument mi-
thriaque. Il ne me sera pas difficile cependant de prouver que
loin d'apporter aucune altération, aucune modification àla doc-
trine orientale du culte de Mithra, une semblable disposition
est en parfaite harmonie avec la nature et la diversité desfonc-
- tions attribuées à celte divinité, dans les écrits qui nous restent
de Zoroaslre. En effet, selon le Zend-Avesta, Mithra, divinité
subordonnée à Ormuzd, roi du ciel fixe ou du firmament,
préside au trois régions du monde créé, qui sont elles-mêmes
subordonnées et inférieures au ciel fixe : la région du ciel mo-
bile ou des planètes, la région de la terre et celle des enfers.
A ce litre, Mithra est appelé roi du ciel mobile et même révolu-
tion du ciel [mobile), roi des vivants ou roi de la terre, et roi des
morts ou des enfers; et si nous examinons avec attention, ainsi
que je vais le faire, chacun des trois tableaux dont se compo-
sent nos deux bas-reliefs, nous parviendrons facilement à re-
connaître que sur l'un, comme sur l'autre de ces deux monu-
ments, Mithra est représenté avec ce même triple caractère,
et qu'il s'y montre environné de toutes les figures, de tous les
emblèmes qui, dans le langage symbolique des livres sacrés
et des monuments figurés de la Perse, pouvaient caractériser
ses fonctions, ses attributions, les régions auxquelles il pré-