Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]: Nouvelles annales (1.1836)

SUR DEUX BAS-RELIEFS MITHRIAQUES. 479

Phosphoros. Il dirige les chevaux à toute course vers un per-
sonnage barbu qui, à l'approche de ce quadrige, ainsi que je
l'avais déjà fait observer, semble reconnaître qu'il est vaincu,
et tombe à la renverse, accablé de terreur (1) ou saisi d'ef-
froi (2). Mais autour du corps de cette dernière figure est
enroulé un serpent qui redresse la tête et paraît vouloir se
défendre. Le mouvement du reptile indique un état réel d'op-
position ou d'hostilité, et achève à nos yeux de caractériser
Ahriman, cet implacable ennemi d'Ormuzd et de Mithra
que le Zend-Avesta appelle F ancien serpent infernal qui a deux
pieds (3). Cette expression remarquable reçoit ici une appli-
cation immédiate et nous autorise à penser que, sur les bas-
reliefs d'Apulum et de Sarmizœgethusa , Ahriman est repré-
senté comme il pouvait l'être sur les monuments mêmes de
la Perse, et comme il l'était plus probablement encore sur
ceux dont les Grecs de l'Asie-Mineure transmirent les types
aux Romains»

Mithra, selon les livres zends, parcourt sans cesse le monde,
d'une extrémité à l'autre, armé de son arc, de ses flèches,
de sa massue et de son poignard d'or, et combattant sans re-
lâche Ahriman, l'ennemi du ciel, l'ennemi de la terre, l'en-
nemi du genre humain. Il parcourt nuit et jour la terre dans
tous les sens (4) ; il ua dessous les provinces et -veille sur les
morts, dit textuellement le Zend-Avesta (5). Le tableau qui est
sous nos yeux nous offre donc, on ne peut en douter, Mithra
sur son char de lumière, poursuivant jusque dans les entrailles
de la terre, jusque dans la région de l'enfer ou des ténèbres,
le principe du mal, le roi des ténèbres et des dews, l'auteur
de la mort, de la nuit, <lu froid, de tous les maux ; poursui-
vant ce serpent infernal qui a deux pieds et qu'Ormuzd l'a
chargé de combattre sans cesse et partout; poursuivant enfin

(î) Pl. %m ,n» ï.

(2) Ibid.,n° 2.

(3) Zend-Avesta, t. I, 2« part., p. 505 et 577.

(4) Ibid. , t. II. Jesclit de Milhra, 24e cardé, 3ie cardé, et ailleurs.

(3) Ibid. Néaesch de Milhra, p. 1S, et Jesclit de Milhra, 16« et ôir cardés.