LES BAINS DE PHILIPPE.
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ou Burettes, pleines d'Huile, & d'onguens aromatiques, qu'on versoit goûte à goûte sur le corps
de ceux qui s'étoient baignez. Juvenal iaitallusion à cet usage (Sat. III. v. 263.)
-----■ ----- & fonat (domus) unfîis
Strigilibus, & pleno componit lintea gutto.
C'est-à-dire, Cependant toute la maison retentit du bruit des Etrilles qu'il saut oindre ; & les Domejliques
s'y occupent à préparer des linges, & à remplir les Burettes.
Il y avoit aussi plusieurs sortes de frictions, & différentes manières de netteier & de polir le corps,
pour ceux qui iè piquoient d'une grande délicateise & de rafinement sur les plaisirs. C'est ce qui est
bien exprimé dans ces mots de Lucillius:
Rador, fubvellor, desquamor, pumicor, ornor „
Depilor, & pingor.
C'est-à-dire , On me rase, on m'arrache le poil de quelques endroits, on nfôte la crasse du corps, on me
rend la peau douce & unie, on m'embellit, on me dépile tout-à-sait, & l'on me peint enfuite.
Ceux qui vouloient se baigner s'aslèioient sur des Chaises percées , & qui étoient de marbre, dans
les Bains les plus magnifiques. Martial insinue cet usage (Lib. II. Epigr. 70.) où il dit,
Non vis in folio prias lavari
Quemquam, Cotile.
C'est-à-dire, 0 Cotilus, vous ne pouvez foufrir qu'aucun autre fe mette , avant vous, fur la Chaise,
pour prendre le Bain.
Le même Poète nous instruit, que les Anciens, après s'être baignez, se servoient de Linges pour
s'essuier le corps. (Lib. XII. Epigr. 71.}
Lintea ferret Apro vacuus cum vernula nuper,
Et fupra togulam lufca federet anus.
C'est-à-dire , Lors qu'une jeune Efclave asamée portoit depuis peu des Linges h Aper ," & qu'une vieille
louche et oit assise fur fa méchante Robe, pour la garder sans doute avec le reste des Habits de cet Aper,
pendant qu'il se baignoit.
Terence nous aprend , qu'à la sortie du Bain, on se mettoit quelquefois au lit. ( Eiimich. Atl. III.
Sc.V.v.44.)
----- ----- Accersitur lavatum interca virgo :
It, lavit, redit, deinde eam in leéiwn HU collocanmt.
C'est-à-dire , En atendant, on va chercher la jeune Démoifelle, pour la faire baigner : Elle vient, fe
baigne, & retourne. Enfuite les Filles la mirent au lit.
Dans quelques Villes Municipales, on donnoit la direction des Bains publics aux Ediles, qui perme-
toient quelquefois aux Bourgeois de s'y baigner pour rien. Alfenus raporte un Cas, qui arriva à cette
occasion (in /. qui Infidam. 30. §. i.ss. locati) Un Edile, dit-il, avoit loué des Bains dans une Fille Mu-
nicipale, afin que les 'Bourgeois s'y baignafient toute l'année gratis. Au bout de trois Mois le feu s'y mit,
& il opina la de (fus, qu'on pouvoit pourfuivre le "Baigneur en jufiice. Arcadius Charisius (/. ult. id.si.de
mimer. & honor. §. 5. cura quoque.) nous enseigne , que les Dire&eurs de ces Bains les faisoient
chauler aux dépens du Public. On compte, dit-il, entre les Oficiers de certaines Filles, ceux qui ont le
foin défaire chaufer les Trains publics, & à qui elles four ni sient de l'argent pour cela. On trouve aussi
une Loi mémorable des Empereurs, Arcadius & Honorius, (l.NeJplendidifiîm*?. n. C. de operibus
publias ) qui s'expriment en ces termes : Afin que les Filles & les Bourgs les plus considerables ne tom-
bent en ruine par la longueur du tems, nous deftinons le tiers des revenus annuels, que les terres de la
République produifent, à la réparation de leurs Murailles, & de leurs Etnves.
Tom. H.
Ee
LES
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ou Burettes, pleines d'Huile, & d'onguens aromatiques, qu'on versoit goûte à goûte sur le corps
de ceux qui s'étoient baignez. Juvenal iaitallusion à cet usage (Sat. III. v. 263.)
-----■ ----- & fonat (domus) unfîis
Strigilibus, & pleno componit lintea gutto.
C'est-à-dire, Cependant toute la maison retentit du bruit des Etrilles qu'il saut oindre ; & les Domejliques
s'y occupent à préparer des linges, & à remplir les Burettes.
Il y avoit aussi plusieurs sortes de frictions, & différentes manières de netteier & de polir le corps,
pour ceux qui iè piquoient d'une grande délicateise & de rafinement sur les plaisirs. C'est ce qui est
bien exprimé dans ces mots de Lucillius:
Rador, fubvellor, desquamor, pumicor, ornor „
Depilor, & pingor.
C'est-à-dire , On me rase, on m'arrache le poil de quelques endroits, on nfôte la crasse du corps, on me
rend la peau douce & unie, on m'embellit, on me dépile tout-à-sait, & l'on me peint enfuite.
Ceux qui vouloient se baigner s'aslèioient sur des Chaises percées , & qui étoient de marbre, dans
les Bains les plus magnifiques. Martial insinue cet usage (Lib. II. Epigr. 70.) où il dit,
Non vis in folio prias lavari
Quemquam, Cotile.
C'est-à-dire, 0 Cotilus, vous ne pouvez foufrir qu'aucun autre fe mette , avant vous, fur la Chaise,
pour prendre le Bain.
Le même Poète nous instruit, que les Anciens, après s'être baignez, se servoient de Linges pour
s'essuier le corps. (Lib. XII. Epigr. 71.}
Lintea ferret Apro vacuus cum vernula nuper,
Et fupra togulam lufca federet anus.
C'est-à-dire , Lors qu'une jeune Efclave asamée portoit depuis peu des Linges h Aper ," & qu'une vieille
louche et oit assise fur fa méchante Robe, pour la garder sans doute avec le reste des Habits de cet Aper,
pendant qu'il se baignoit.
Terence nous aprend , qu'à la sortie du Bain, on se mettoit quelquefois au lit. ( Eiimich. Atl. III.
Sc.V.v.44.)
----- ----- Accersitur lavatum interca virgo :
It, lavit, redit, deinde eam in leéiwn HU collocanmt.
C'est-à-dire , En atendant, on va chercher la jeune Démoifelle, pour la faire baigner : Elle vient, fe
baigne, & retourne. Enfuite les Filles la mirent au lit.
Dans quelques Villes Municipales, on donnoit la direction des Bains publics aux Ediles, qui perme-
toient quelquefois aux Bourgeois de s'y baigner pour rien. Alfenus raporte un Cas, qui arriva à cette
occasion (in /. qui Infidam. 30. §. i.ss. locati) Un Edile, dit-il, avoit loué des Bains dans une Fille Mu-
nicipale, afin que les 'Bourgeois s'y baignafient toute l'année gratis. Au bout de trois Mois le feu s'y mit,
& il opina la de (fus, qu'on pouvoit pourfuivre le "Baigneur en jufiice. Arcadius Charisius (/. ult. id.si.de
mimer. & honor. §. 5. cura quoque.) nous enseigne , que les Dire&eurs de ces Bains les faisoient
chauler aux dépens du Public. On compte, dit-il, entre les Oficiers de certaines Filles, ceux qui ont le
foin défaire chaufer les Trains publics, & à qui elles four ni sient de l'argent pour cela. On trouve aussi
une Loi mémorable des Empereurs, Arcadius & Honorius, (l.NeJplendidifiîm*?. n. C. de operibus
publias ) qui s'expriment en ces termes : Afin que les Filles & les Bourgs les plus considerables ne tom-
bent en ruine par la longueur du tems, nous deftinons le tiers des revenus annuels, que les terres de la
République produifent, à la réparation de leurs Murailles, & de leurs Etnves.
Tom. H.
Ee
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