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LES JARDINS

DE SALLUSTE.

N ne doute pas que ces Jardins n'appartinfîènt à l'Hiftorien Caius Crifpe Sallufte,
qui, après avoir confumé tout fon Patrimoine, & avoir été réduit à vendre là Maifon
Paternelle, pour fe difculper du crime d'Adultère, dont on l'accufoit, obtint de Ju-
1 les Célàr le Gouvernement de Numidie. Il s'y enrichît aux dépens de la Province,
f & à Ion retour, il acheta ces beaux & agréables Jardins, {ituez fous le Mont Quirinal,
1 dans l'enceinte de la Ville, proche de la Porte Colline , dans une maifon, qu'on nom-
moit la Grenade, ( Sueton. Domit. cap. i. ) 11 les embellît avec tant de foin, qu'ils fervirent à la recréa-
tion d'Augufte, de Néron, & de quelques autres Princes, qui en furent les Maîtres. Tacite nous
aprend à l'égard du dernier, [Ami. XIII. cap. 47. ) qu'il évita par hajard les embûches qu'on lui avait ten-
dues jur la Voie Flaminie, parce qu'il retourna, par un autre chemin, dans les Jardins de Sallujle. Pline
raconte ( Lib. VIL cap. 16. ) que fous le règne d'Augufte, on enterra dans ces Jardins, les Corps de
Pufio & de Secundilla, qui avoient dix Piez & trois Pouces de long. Eufebc remarque aufli ( in Chro-
mas) que l'Empereur Nerva y finît lès jours. Aurelien s'y plalfoit beaucoup , fuivant le témoignage
deVopifcus (cap. 49.) Ilri'aimait pas, dit-il>' lors qu'il était a "Renne, de rejler dans le Talais, & H
pré fer oit les fardins de Sallujle, ou ceux de Domitie : il orna dans les premiers, le Tonique a mille Colom-
nes, oh ils'exerceoit tous les jours a monter (es Chevaux, jufqucs à les fatiguer & à s'epuifer lui-même,
quoi qu'il fût délicat & valétudinaire. Suétone, dans la Vie de Néron, apdlezïMillcnariam, la Ga-
lerie que Vopifcus vient de nommer Milliarcnfem; & Saumaife remarque là-deûus, que Milliarenjis-.
ou Millenaria Porticus eft un Portique à mille Colomnes ; de même que Centenaria Porticus eft un
Portique à cent Colomnes, que les Grecs appellent E xa-rôvf uAov ; ôc que éAdilliarenfe, en Grec
/uuAwçn'aw, eft une efpêce de Monnoie, ainfi apellée du nombre millénaire. Quoi qu'il en foit, ces
Jardins ont toujours parlé pour être du Domaine des Empereurs Romains, comme Ulpien nous l'aprend
(in l. 39. cumfervus legatus §. 8. fivero &c. de Légat. 1. ) Si quelam, dit-il, venait a léguer les Jardins
de Sallujle, qui apartiennent a l'Empereur, &c. ce fer oit une folie de mettre de tels Legs dans un Tejlament.
Viclor & Rufus (in Reg. Vljîve Altajemita ) placent le Temple de Fcnus dans les Jardins de Sallufte ;
& il y a deux Infcriptions dans Gruter, [pag. XXXIX. n. 4. & pag. CIL n. 1. ) qui le confirment.
D'ailleurs, il nous marque l'endroit, où on les a trouvées, & il les explique. Voici fes paroles fur
l'une & l'autre.

Il y a, dit-il, i Rome, dans les Jardins de Salir fie, & dans la-
Muraille de la Vigne d'Angelo Coloti, oh l'on voit encore de ma-
gnifiques refies du 'Temple de Venus, il y a , dit-il, une Bafe de
Marbre toute unie avec cette Infcription :

M. AVR.ELIVS. FACORVS
M. COCCEIVS. STRATOCLES

AEDITVI. V E N E R I S. HORTORVM

SALLVS.TIANORVM. BASEM. C V M

P A V I M E N T O. M A R M O R A T O

■ D E A N A E .
• D. à .D.

C'eft-à-dirc, Marc Aurele Pacorus, &
Marc Coccems Stratocles, Concierges An
Temple de Venus, dans les Jardins de
Sallujle, dédient cette Bafe avec le Pave'
de Marbre, à cetteDe'ejfe.

lly a, dit-il, à Rome, proche des Jardins Bellajens , une Table de
Marbre, ou l'Efperance eft repréfient ée en relief, fious la figure d'une
Femme, couverte d'une Robe longue, qui touche de la main droite le
Chapiteau d'une petite Colomne, ertient de la gauche cinq Epis, avec
deux têtes de Pavot. Près de la tète de cette Figure, ity a des Har-
des liées enjemble, & à fies piez une Ruche à miel, du fiommet de
laquelle on voit fort ir quatre Epis, deux Rofes & une tête de Pa-
10t. Enfin, on trouve fur la Bafe t'Infcription Jhivante :
M. AVR. PACORVS. AED1
TVVS. SANCTAE. VENE
RIS. IN. SALVST. HORTIS
S P E I
ARAM. CVM. PAEMENTO
SOMNIO. MONITVS. SVM
TV. S V O. D. D
C'eft-à-dire, Marc Aurele Pacorus Con- •
cierge du Temple de Venus la fiamte,
dans les Jardins de Sallufte, dédie
à fes fraix & dépens , cet Autel, avec
le Pavé, à ÎEfpérance , après en avoir-
été averti par unfionge.

Le mot D e a n a e , qui fe trouve dans la première Infcription, eft formé du Grec Séum, & lignifie
Déeffe, comme le P. de Montfaucon l'a très bien expliqué.

2ow. III K Au
 
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