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LE MO NT

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TESTACE3ouleDOLIOLUM.

L y avoit quantité de Potiers à Rome , & l'on ne doit pas s'en étonner, puis que
les Anciens fe fervoient beaucoup de Poterie , comme nous l'aprenons de Pline
{Lib. XXXV. cap. i2. ) Ils faifoiont les Images de leurs Dieux, les ornemens de leurs
Temples, & les incruftations des Murailles avec de terre cuite ; & ils enterraient mê-
me leurs Morts dans des Vafes, ou des Cuves de terre. C'eft pour cela que le Roi
Numa inftitua un feptiéme Collège de Potiers, à ce que Pline marque, dans l'En-
droit que nous venons d'en citer. D'ailleurs , on ne pouvoit mieux les placer , ni plus commodé-
ment, que dans cette grande Plaine, qui eft proche de l'eau. Mais après que le Sénat leur eût défen-
du de jetter les ordures de leurs Pots caliez dans le Tibre, de crainte qu'elles ne bouchafïènt de ce côté
le Lit de la Rivière, & qu'elles ne la fifïènt déborder d'un autre, on leur affigna un certain Lieu, pour
y tranfporter ces ordures. C'eft ainfi que fe forma peu à peu cette Colline, qu'on apella pour cet
effet Nions Tejlaceus, ou le Mont des Pots cajjez, qui a près de 2000 Pas de circonférence,& 160 Piez
de hauteur, à l'endroit le plus élevé.

Le Champ de la Poterie eft une grande Plaine, à côté du Mont Aventin, où l'on faifoit autrefois des
Courfès à Cheval. Mais on eft furpris de voir tant de Pots & de Vafes caflez en un monceau , & Do-
nat croit, qu'on n'en peut alléguer aucune raifon légitime, puis que les anciens Auteurs n'en difent
mot. Cependant, quelques uns conjecturent, que cette Eminence eft un amas de ces Urnes, où l'on
gardoit les cendres des Corps qu'on bruloit, & dont on trouve tous les jours quantité, en creufant le
terrain des Maifons de plaifance, & de toute la Campagne Romaine ; quoi qu'on ne puifîè pas dire,
pour quel fujet, ni en quel teins, tout ce débris fut ralîèmblé en un même lieu.

Ce Tertre fe nomme auffi en Latin D o l i 0 l u m , c'eft-à-dire, le petit Tonneau ; & Nardinus allure,
qu'il en avoit vu tranfporter un nombre infini de Charettées, pour combler & aplanir les Chemins
bourbeux du voifinage : de forte qu'il n'eft pas fi grand aujourd'hui, qu'il l'étoit autrefois.

On dit, que le vieux Tarquin, occupé à bâtir un Cirque, fit loger les Potiers en cet endroit, à cau-
fê du voifinage de la Rivière, qui facilitoit le tranfport de leur Poterie. Quoi qu'il en foit , ceux qui
prétendent que cette Colline s'eft formée des Vafes de terre, que les Provinces & les Villes fubjuguées
envoioient à Rome, en guife de Tribut, ne nous racontent qu'une Fable, qui ne mérite pas d'être
crue. L'origine, que nous en avons déjà donnée, paraît la plus probable; puis que les Romains em-
ploioient des Vafes de terre pour garder l'Eau, le Vin, & toute forte de Liqueurs, qui fervoient aux
Bains, ou à tout autre ufage ; & il n'eft pas ainfi étonnant que les ordures de cette Fabrique aient pro-
duit à la longue une pareille Eminence.

Au refte, on a fait des Caves fous cette Colline, dont quelques unes ont jufques à cent marches de
profondeur, 6c l'on y garde les Vins les plus exquis. On allure même qu'ils s'y confervent mieux,
& qu'ils s'y tiennent plus frais, que dans aucun autre endroit de la Ville; parce que les tefts des Pots
cafiez ne fe joignent pas fi bien enfemble, que le Vent n'y puiûe pénétrer. D'ailleurs, les Cabare-
tiers y vont chercher leur Vin trais fois par jour , c'eft-à-dire, de bon matin, à Midi, & le foir, &
ils le mettent lùr des Chariots couverts de Nattes, pour le garantir contre l'ardeur du Soleil.

Tarn. 111

Ff

LES.
 
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