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Voyage
interruption. Ce vent n’est pas violent,
c’est ce qu’un marin appelleroit une brise
un peu forte. Mais il chasse une telle
quantité de sable et de poussière, que l'at-
mosphère en est obscurcie; quelquefois
on pouvoit à peine reconnoitre les tentes.
Comme les Maures font leur cuisine en
plein air, ce sable se mêle à leurs Kous-
cous: il s’attache aux cheveux et à la peau,
et lorsqu’il est humecté par la sueur, il
forme une espèce de poudre et de pom-
made. Les Maures s’enveloppent la tète
pour ne pas le respirer, et pour ne pas
le recevoir dans les yeux, ils ont soin de
tourner le dos au vent.
Toutes les femmes que je vis dans le
camp avoient les pieds et les bouts des
doigts teints d’un jaune de safran. Je n’ai
pu savoir, si c’étoit par superstition, ou
par coquetterie. Depuis mon arrivée à Be-
nowm, la curiosité de ces femmes m’avoit
été extrêmement importune, mais le 25,
au soir, elles mirent ma patience à une
épreuve plus fâcheuse que toutes les au-
tres. Soit d’elles-mêmes, soit qu’elles y
eussent été excitées , plusieurs femmes
vinrent dans ma tente, et me déclarèrent
nettement qu’elles vouloient s’assurer par
Voyage
interruption. Ce vent n’est pas violent,
c’est ce qu’un marin appelleroit une brise
un peu forte. Mais il chasse une telle
quantité de sable et de poussière, que l'at-
mosphère en est obscurcie; quelquefois
on pouvoit à peine reconnoitre les tentes.
Comme les Maures font leur cuisine en
plein air, ce sable se mêle à leurs Kous-
cous: il s’attache aux cheveux et à la peau,
et lorsqu’il est humecté par la sueur, il
forme une espèce de poudre et de pom-
made. Les Maures s’enveloppent la tète
pour ne pas le respirer, et pour ne pas
le recevoir dans les yeux, ils ont soin de
tourner le dos au vent.
Toutes les femmes que je vis dans le
camp avoient les pieds et les bouts des
doigts teints d’un jaune de safran. Je n’ai
pu savoir, si c’étoit par superstition, ou
par coquetterie. Depuis mon arrivée à Be-
nowm, la curiosité de ces femmes m’avoit
été extrêmement importune, mais le 25,
au soir, elles mirent ma patience à une
épreuve plus fâcheuse que toutes les au-
tres. Soit d’elles-mêmes, soit qu’elles y
eussent été excitées , plusieurs femmes
vinrent dans ma tente, et me déclarèrent
nettement qu’elles vouloient s’assurer par