EN AfKTQUE.
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j’étois parti en commençant mon voyage ,
et sachant que mon ami Karsa ne trouve-
roit pas de quelque temps à vendre ses es-
claves à la Gambie, je lui conseillai de les
laisser à Jindey, jusqu’à ce qu’il se présen-
tât une occasion de s’en défaire. Il suivit
mon conseil. Le ches de la ville lui loua
des huttes pour loger ses esclaves , et un
champ pour les saire travailler, et leur four-
nir de quoi vivre. Quant à lui, il me dé-
clara qu’il ne me quitteroit pas avant mon
départ pour l’Europe.
Karfa, un des Foulas de la caravane
et moi , nous nous mimes en route, le 9,
au matin. Je touchois à la sin d’un voyage
pénible et ennuyeux: il ne me falloit plus
qu’un jour pour voir des compatriotes et
des amis. Cependant je me sentis vivement,
ému, en quittant mes infortunés compa-
gnons de voyage, condamnés pour la plu-
part , à un exil, et à un esclavage éternels.,
Pendant une marche de plus de cinq cents
milles, au soleil brûlant du tropique, ces
pauvres esclaves, mille fois plus à plain-
dre que moi, n’avoient cessé de compatir
âmes peines. Souvent, sans que personne
le leur dit, ils alloient me chercher de l’eau :
le soir, ils ramassoient des seuilles et des
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j’étois parti en commençant mon voyage ,
et sachant que mon ami Karsa ne trouve-
roit pas de quelque temps à vendre ses es-
claves à la Gambie, je lui conseillai de les
laisser à Jindey, jusqu’à ce qu’il se présen-
tât une occasion de s’en défaire. Il suivit
mon conseil. Le ches de la ville lui loua
des huttes pour loger ses esclaves , et un
champ pour les saire travailler, et leur four-
nir de quoi vivre. Quant à lui, il me dé-
clara qu’il ne me quitteroit pas avant mon
départ pour l’Europe.
Karfa, un des Foulas de la caravane
et moi , nous nous mimes en route, le 9,
au matin. Je touchois à la sin d’un voyage
pénible et ennuyeux: il ne me falloit plus
qu’un jour pour voir des compatriotes et
des amis. Cependant je me sentis vivement,
ému, en quittant mes infortunés compa-
gnons de voyage, condamnés pour la plu-
part , à un exil, et à un esclavage éternels.,
Pendant une marche de plus de cinq cents
milles, au soleil brûlant du tropique, ces
pauvres esclaves, mille fois plus à plain-
dre que moi, n’avoient cessé de compatir
âmes peines. Souvent, sans que personne
le leur dit, ils alloient me chercher de l’eau :
le soir, ils ramassoient des seuilles et des