DES ARTS ET' DES SCIENCES. 47
haute considération. Il n'y a pas long-temps qu'une grande Princelïè, qui
veut le bonheur de lès peuples , écrivoit * du fond du Nord à un de nos
philosbphes, pour l'inviter à le charger de l'éducation de Ion fils , héritier
du plus grand des empires. Ce haut degré d'estime où sont parvenus nos
{çavans chez lo« étrangers, est une marque éternelle de la véritable grandeur
de notre nation. >
gàjsfe$3st*u.
ARTICLE IL
LÀ GÉOGRAPHIE*
■
u côté del'Asie, on ne connolsîbît qu'imparfaitement la partie méridionale j
qui comprend les Indes & la Chine. La Compagnie des Indes a fait con,£-
truire, d'après des détails levés par Ces Ingénieurs suries lieux, ces belles car*
tes qui ont été rédigées par M. d'Anville, célèbre géographe. Par les tra*-
vaux de nos missionnaires Jésuïtes, on eft ausîî parvenu à faire un Atlas très-
détaillé de l'empire de la Chiné. Le voyage entrepris aux dépens du Roi
sous l'équateur, dont il a été question ci-devant, n'a pas peu contribué aux
progrès que la géographie a faits dans l'Amérique méridionale. La méri*
dierine de Quito, exécutée par les académiciens François, pour déterminer
la figure dé la terre; là grande rivière desAmazones, ouduMaragnon, des-
cendue & levée par M. de la Condamirte, en iônt une preuve incontestable.
Les deux dernières guerres ont beaucoup sèrvi à nous faire connoître
l'Amérique sèptentrîonale , sur-tout pour ce qui a rapport au Canada êc aux
jposîesfions Angloisès, tant sur l'océan occidental ; que dans les baies d'Hud-
son & de Baffin.
* Cette lettre étoit en François , & conçue en
ces termes :
- Mon/leur d'Alembert, je viens de lire la re'ponse
que vous aves écrite au sieur Odar ,par laquelle vous
refuseç de vous transplanter pour contribuer à l'édu-
cation de mon sis. Philojbphe comme vous l'êtes,
je comprends qu'il ne vous coûte rien de mépriser ce
qu'on nomme grandeurs &* honneurs dans le monde :
à vos yeux, tout cela eft peu de chofe >• Sr aisément
je me range de votre avis. A envifager les chosessur
ce pied , jt regarderois comme un très-petit sacris.ee
la conduite de la Reine Christine,qu'on a tant louée
Grjîfouvent blâmée à plusjujîe titre. Mais être né ou
appelle pour contribuer au bonheur & même à l'édu-
cation d'un peuple entier, &y renoncer, c'eft, ce me
semble, resufer de faire le bien que vous ave^ à cœur.
Votre philosophie eft sondée sur l'humanité ; permet-
tez-moi de vous dire que ne se point prêter à la ser-
vir tandis qu'on le peut, c'eft manquer son but. Je
vous sçais trop honnête homme, pour attribuer vos re-
sus à la vanité. Je sçais qui la cause n'en eft que
l'amour du repos, £r le defir de cultiver les lettres G*
l'amitié. Mais à quoi tient-il ? Véneç avec tous vas
amis .'je vous promets, ainsi qu'à eux, tous lesagrè-
mens & les aisances qui peuvent dépendre de moi; &•
peut-être trouvere\-vous ici plus de liberté Gr de repos
que çhc\ vous. Vous ne vous rendes point aux inftan-
ces du Roi de Prujse, & àla reconnoijsance que vous
lui ave\ ; mais ce Prince n'a point de sis. J'avoue
que l'éducation de mon sils me tientJi sort à céur ,&
vous m'êtes si nécejsaire , que peut-être je vous prejse
trop. Pardonne^ mon indiferétion en saveur de la cau-
se , &foyv{ aJJ'uré que c'eft l'eftime qui m'a rendue fi
intéresée. CATHERINE.
Mofcou , le 13 novembre ijtz.
P. S. Dans toute cette lettre , je n'ai employé
que Usfentimens que j'ai ttouvës dans vos ouvrages :
vous ne v«udrie\pas vous contredire%
/
haute considération. Il n'y a pas long-temps qu'une grande Princelïè, qui
veut le bonheur de lès peuples , écrivoit * du fond du Nord à un de nos
philosbphes, pour l'inviter à le charger de l'éducation de Ion fils , héritier
du plus grand des empires. Ce haut degré d'estime où sont parvenus nos
{çavans chez lo« étrangers, est une marque éternelle de la véritable grandeur
de notre nation. >
gàjsfe$3st*u.
ARTICLE IL
LÀ GÉOGRAPHIE*
■
u côté del'Asie, on ne connolsîbît qu'imparfaitement la partie méridionale j
qui comprend les Indes & la Chine. La Compagnie des Indes a fait con,£-
truire, d'après des détails levés par Ces Ingénieurs suries lieux, ces belles car*
tes qui ont été rédigées par M. d'Anville, célèbre géographe. Par les tra*-
vaux de nos missionnaires Jésuïtes, on eft ausîî parvenu à faire un Atlas très-
détaillé de l'empire de la Chiné. Le voyage entrepris aux dépens du Roi
sous l'équateur, dont il a été question ci-devant, n'a pas peu contribué aux
progrès que la géographie a faits dans l'Amérique méridionale. La méri*
dierine de Quito, exécutée par les académiciens François, pour déterminer
la figure dé la terre; là grande rivière desAmazones, ouduMaragnon, des-
cendue & levée par M. de la Condamirte, en iônt une preuve incontestable.
Les deux dernières guerres ont beaucoup sèrvi à nous faire connoître
l'Amérique sèptentrîonale , sur-tout pour ce qui a rapport au Canada êc aux
jposîesfions Angloisès, tant sur l'océan occidental ; que dans les baies d'Hud-
son & de Baffin.
* Cette lettre étoit en François , & conçue en
ces termes :
- Mon/leur d'Alembert, je viens de lire la re'ponse
que vous aves écrite au sieur Odar ,par laquelle vous
refuseç de vous transplanter pour contribuer à l'édu-
cation de mon sis. Philojbphe comme vous l'êtes,
je comprends qu'il ne vous coûte rien de mépriser ce
qu'on nomme grandeurs &* honneurs dans le monde :
à vos yeux, tout cela eft peu de chofe >• Sr aisément
je me range de votre avis. A envifager les chosessur
ce pied , jt regarderois comme un très-petit sacris.ee
la conduite de la Reine Christine,qu'on a tant louée
Grjîfouvent blâmée à plusjujîe titre. Mais être né ou
appelle pour contribuer au bonheur & même à l'édu-
cation d'un peuple entier, &y renoncer, c'eft, ce me
semble, resufer de faire le bien que vous ave^ à cœur.
Votre philosophie eft sondée sur l'humanité ; permet-
tez-moi de vous dire que ne se point prêter à la ser-
vir tandis qu'on le peut, c'eft manquer son but. Je
vous sçais trop honnête homme, pour attribuer vos re-
sus à la vanité. Je sçais qui la cause n'en eft que
l'amour du repos, £r le defir de cultiver les lettres G*
l'amitié. Mais à quoi tient-il ? Véneç avec tous vas
amis .'je vous promets, ainsi qu'à eux, tous lesagrè-
mens & les aisances qui peuvent dépendre de moi; &•
peut-être trouvere\-vous ici plus de liberté Gr de repos
que çhc\ vous. Vous ne vous rendes point aux inftan-
ces du Roi de Prujse, & àla reconnoijsance que vous
lui ave\ ; mais ce Prince n'a point de sis. J'avoue
que l'éducation de mon sils me tientJi sort à céur ,&
vous m'êtes si nécejsaire , que peut-être je vous prejse
trop. Pardonne^ mon indiferétion en saveur de la cau-
se , &foyv{ aJJ'uré que c'eft l'eftime qui m'a rendue fi
intéresée. CATHERINE.
Mofcou , le 13 novembre ijtz.
P. S. Dans toute cette lettre , je n'ai employé
que Usfentimens que j'ai ttouvës dans vos ouvrages :
vous ne v«udrie\pas vous contredire%
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