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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0015

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LA SITUATION DE LA SYRIE.

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l'idée et le désir de se risquer sur la mer et d'ouvrir leur voile au vent.

Il y a même toute une portion de cette contrée qui ne peut guère
être habitée que par un peuple de marins : c'est la partie moyenne de
la côte syrienne, celle qui se trouve comme pressée entre le massif
du Liban et la mer. Ailleurs, dans d'autres districts, on rencontre des
plaines spacieuses, comme la fertile Bekaa ou Gœlé-Syrie, comme le
merveilleux jardin au milieu duquel Damas se cache dans la verdure,
comme les campagnes d'Esdrelon et du pays des Philistins ; mais là,
du mont Carmel au cap voisin de Tripoli, les sommets, qui s'élèvent
jusqu'à 3 000 mètres environ, dominent de trop près le rivage pour s'y
relier par des vallées d'une pente modérée et susceptibles de culture ;
les deux seuls fleuves dignes de ce titre, que nourrissent les neiges et
les fraîches sources du Liban, l'Oronte et le Jourdain , se dirigent , l'un
vers le nord et l'autre vers le sud; mais, à l'ouest, sur le versant qui
regarde la Méditerranée, ce ne sont que torrents qui, par d'étroits et
profonds ravins, se jettent dans la mer presque d'un seul bond. Le plus
important de tous, celui qui débouche entre Tyr et Sidon, le Nahr-el-
Litani, était appelé par les Grecs le Léontès ou « fleuve du lion ». Au nord
de la rade de Beyrouth, c'est le Lycos ou « le loup », aujourd'hui le
Nahr-el-Kelb ou « fleuve du chien ». Rien de plus juste et de plus ex-
pressif que ces noms : ils rappellent bien à l'esprit la violence de ces
eaux emportées et bruyantes (fîg. 1).

Entre la mer et le pied des contreforts qui servent de socle aux
grandes cimes du Liban, il n'y a place que pour des grèves toujours
plus ou moins resserrées, pour un long ruban de sable que coupent brus-
quement, de distance en distance, de hauts promontoires rocheux.
Pendant des siècles, avant que l'homme se sentît capable de modifier
la configuration du sol par des travaux de voirie , il était bien difficile ,
à certains moments même il était impossible de suivre la côte, au moins
par terre. Quand tombaient les grandes pluies d'automne, quand fon-
daient les neiges, plus de gués qui permissent de traverser les torrents
près de leur embouchure : le courant était trop rapide pour qu'un bateau
se risquât au milieu de ces tourbillons. D'ailleurs, les torrents se fus-
sent-ils laissés franchir, le voyageur se heurtait encore aux escarpe-
ments de ces puissants éperons qui se détachaient du massif principal
pour aller se terminer par autant de caps, dont les flancs étaient coupés
à pic. Plus tard, le fer tailla dans ces précipices des chemins, ou plutôt
de véritables escaliers. Ceux-ci subsistent aujourd'hui avec tous leurs
périls ; je les ai gravis en allant de Sour à Saint-Jean d'Acre, par le Ras-
 
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