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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0024

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11

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

moment, les croyances ne sont pas les mômes à Jérusalem qu'à Siclon
ou à Tyr; mais aucun argument tiré de ces dissemblances ne saurait
prévaloir contre l'identité de la langue. Dans l'hypothèse de la descen-
dance kouschite, il n'y aurait qu'un moyen d'expliquer cette identité :
il faudrait admettre une influence exercée par les Hébreux sur les
Phéniciens, influence qui aurait été assez puissante pour que ceux-ci
eussent emprunté et adopté l'idiome des descendants d'Abraham; or
c'est là une conjecture qui par elle-même offre bien des difficultés
et qui d'ailleurs est en désaccord avec tout ce que nous savons de
l'histoire de cette contrée.

Ce fut seulement avec David et Salomon que les Hébreux conquirent
en Syrie le prestige d'une grande situation politique et militaire ; mais,
alors, quand l'empire juif commence à jouer, de Damas à la mer
Rouge, ce rôle prépondérant dont il ne soutiendra pas longtemps l'ef-
fort, la Phénicie est déjà constituée depuis plusieurs siècles; nous
n'avons aucune raison de croire quelle ne fût pas bien avant ce temps
en possession de sa langue et de son écriture. D'ailleurs, comme nous
permettent de le deviner les livres historiques et prophétiques, pour
toute cette période même des rois de Juda et d'Israël, avant comme
après le schisme des dix tribus, c'est plutôt la Phénicie qui agit sur
le peuple hébreu que le peuple hébreu sur la Phénicie. Nous ne voyons
pas que les Juifs, de l'avènement de David à la captivité, aient jamais
essayé de soumettre la Phénicie ou de la subordonner, d'aucune
manière, à leur prépondérance; il ne semble pas qu'ils lui aient rien
donné non plus de leurs mœurs et de leurs idées; au contraire, ils
font venir de Tyr l'architecte et les maîtres ouvriers qui construiront
et qui décoreront le temple de Jéhovah; malgré les prophètes, ils ne
cessent d'emprunter au même peuple ses dieux et les rites par lesquels
on les honore, les images et les symboles par lesquels on les repré-
sente; une princesse tyrienne, Athalie, a régné à Jérusalem; rien ne
nous permet de croire que jamais Juif ait eu pareille fortune dans les
villes de la côte. Si ce n'est pas à l'époque de la royauté, quand donc
les Juifs auraient-ils exercé sur leurs industrieux et riches voisins un
ascendant assez marqué pour que ceux-ci se soient laissés aller à désap-
prendre l'idiome, sans doute non sémitique, qu'ils auraient apporté
avec eux de leur lointaine patrie? A quel moment se serait faite cette
substitution?

Cherchez l'heure où elle se serait produite et les circonstances
qui l'expliqueraient; vous aurez beau repasser toute l'histoire de la
 
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