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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0036

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26 LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

mais c'est Sidon d'abord, et ensuite, avec plus de décision encore
et de hardiesse, c'est Tyr qui a pris l'initiative et la direction du
mouvement; ce sont les marins de ces deux villes qui, les yeux fixés
sur le soleil couchant, ont, de proche en proche, poussé leurs explora-
tions jusqu'aux colonnes d'Hercule et, avec le temps, plus loin encore.

Les institutions des cités phéniciennes nous sont très mal connues;
nous ne savons pour ainsi dire rien de leur vie politique et sociale.
Ce que nous y devinons, c'est un régime analogue à celui que l'his-
toire nous montre établi, sur plusieurs points de l'Europe moderne,
dans les cités qui ont eu les mêmes habitudes et les mêmes ambitions
que les cités phéniciennes, dans les villes de la Hanse et dans les répu-
bliques italiennes, à Gênes par exemple et à Venise. Là où les exi-
gences du grand commerce maritime concentrent le capital clans un
petit nombre de mains et où les bénéfices qu'il donne éveillent l'au-
dace et entretiennent l'énergie, là où ils créent, au profit des plus
capables, de très grosses fortunes, il se forme nécessairement une
puissante aristocratie ; celle-ci laissera parfois soit à l'assemblée po-
pulaire, soit à des princes héréditaires ou électifs les apparences du
pouvoir; mais elle en prendra toujours et elle en gardera la réalité,
du droit de son intelligence et de sa richesse. La différence, de l'une
à l'autre de ces cités, ce sera que, suivant les temps et suivant les
lieux, cette aristocratie ouvrira ses rangs ou les tiendra plus serrés et
plus fermés, qu'elle se rapprochera de la démocratie ou de l'oli-
garchie.

De quel côté penchèrent Tyr et Sidon? 11 nous est difficile de le
dire. Nous sommes un peu mieux ou plutôt un peu moins mal ren-
seignés sur la grande colonie tyrienne d'Afrique, sur Carthage ; il
nous est permis de croire que la fille a beaucoup gardé du tempéra-
ment et des allures de sa mère. En invoquant ces analogies, nous
sommes conduits à penser que le régime intérieur des principales cités
phéniciennes avait un caractère assez étroitement oligarchique. Comme
l'attestent les historiens grecs et les inscriptions, ces villes eurent
pourtant aussi des rois. A Arad, nous trouvons une dynastie où alter-
nent les noms d'Aniel et de Jérostratc. A Sidon, il v a une vieille
famille royale qui devait remonter aux origines mêmes de la cité;
son règne subit plus d'une interruption; mais, dans les moments de
crise, on se souvient d'elle et de son prestige; pour mettre fin aux
compétitions et aux querelles intestines, on va chercher un de ses
représentants. C'est Tyr qui parait avoir eu la vie la plus agitée. La
 
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