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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0037

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LES PHÉNICIENS, LEURS ÉTABLISSEMENTS. 27

tradition lui prête bien aussi plusieurs rois dont elle nous a transmis
les noms ; mais cependant, d'ordinaire, Tyr, comme les Juifs avant
Saùl et comme Cartilage, pratiquait de préférence le régime des suf-
fîtes ou juges; le plus souvent, deux de ces magistrats remplissaient
en même temps cette fonction.

Quelque titre qu'ils portassent, ces princes héréditaires et ces
consuls à temps ou à vie ne devaient d'ailleurs posséder qu'une auto-
rité assez limitée, qui restait toujours un peu précaire; qu'on se rap-
pelle la situation des doges vénitiens et génois ! Les vrais maîtres de
la cité, c'étaient les chefs des premières familles, ou, pour mieux
dire, des principales maisons de commerce. En Phénicie comme à
Carthage et comme clans ces républiques italiennes où nous avons
cherché nos points de comparaison, ces personnages, détenteurs de
la richesse nationale et patrons d'une clientèle nombreuse, formaient,
sous un nom ou sous un autre, une espèce de sénat \. Us avaient tous
l'expérience des affaires et l'habitude du commandement; chacun d'eux
comptait ses navires par dizaines, et par centaines les matelots, les
ouvriers, les agents qu'il employait; tel de ces marchands, par les
flottilles qu'il expédiait chaque printemps et par les comptoirs qu'il
avait établis, possédait le monopole du commerce dans un pays bien
plus grand que la Phénicie ; tel autre exploitait, dans les îles loin-
taines du nord ou de l'occident, des mines d'or ou d'étain ; les intérêts
de la nation se confondaient ainsi avec ceux de ces armateurs qui lui
offraient des débouchés sans cesse élargis et de ces fabricants qui lui
fournissaient la matière de fructueux échanges. Il n'était donc pas
de question, touchant à la prospérité du peuple et à son avenir, que
ne fussent en mesure de traiter ces riches négociants et ces naviga-
teurs qui connaissaient, pour les avoir visités, tous les rivages et tous
les peuples de la Méditerranée. Ainsi composé, ce conseil, par la force
même des choses, ne pouvait manquer d'attirer à lui la meilleure part
du pouvoir; c'était dans son sein et entre ses membres les plus in-
fluents que se préparaient et se prenaient toutes les décisions impor-
tantes.

A vrai dire, les cités phéniciennes, au temps même où l'histoire

1. Aristote, qui admirait beaucoup Carthage, insiste sur le caractère oligarchique de
sa constitution et sur l'importance que la richesse y donnait à ceux qui la possédaient
[Politique, II, vm, 5) : « On pense, à Carthage, dit-il, que celui qui veut exercer une fonc-
tion publique doit avoir non seulement de grandes qualités, mais encore de grandes
richesses; on croit que l'homme sans fortune n'aura pas le loisir nécessaire pour bien
exercer le commandement. »
 
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