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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0038

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28

LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

nous y montre des rois, n'ont jamais été que de petites républiques,
des républiques aristocratiques. C'est avec la Phénicie que la liberté
municipale fait sa première apparition dans le monde ancien et qu'elle
y témoigne tout d'abord de sa puissance ; elle y crée ce que les
grandes agglomérations orientales n'avaient pas connu, le citoyen,
passionnément attaclié à l'indépendance de son étroite patrie, ambitieux
pour elle et pour lui-même. En exaltant ainsi chez l'individu le sen-
timent de sa valeur personnelle, ce régime le rend capable, à certains
moments, d'efforts et de dévouements prodigieux. « Tyr fut la première
ville qui défendit son autonomie contre ces redoutables monarchies
qui, des bords du Tigre et de l'Euphrate, menaçaient d'éteindre la vie
de la Méditerranée. Quand toute la Phénicie avait plié, ce rocher tint
seul en échec l'énorme machine assyrienne, supporta pendant des
années la faim et la soif, et finit par voir décamper de la plaine voisine
Salmanasar et Nabuchodonosor. On ne traverse pas sans émotion ce
détroit devenu un isthme, qui dans son temps a été le boulevard de
la liberté. Cent et deux cents ans avant les victoires de la Grèce, il
y eut là des guerres rnêdiques presque aussi glorieuses que celles du
cinquième siècle et dont Tyr supporta tout l'effort1. »

Grâce à cette héroïque résistance, c'est donc surtout Tyr qui repré-
sente, aux yeux de l'historien, les ambitions de la race phénicienne et
l'œuvre qu'il lui a été donné d'accomplir; mais ce n'est pas elle qui
avait ouvert les routes de la mer et, alors même que ses navires s'y
lancèrent plus nombreux et plus hardis que ceux de toutes les autres
villes de la côte, ils ne furent jamais seuls à s'y risquer; la Phénicie
n'a jamais eu ce que nous appellerions une capitale. A l'époque romaine,
Tyr etSidonse disputaient le titre de métropole, c'est-à-dire de cité mère
des autres et fondatrice de la civilisation phénicienne2. Si Tyr avait à
faire valoir des états de service plus glorieux, Sidon pouvait se vanter
d'une plus haute antiquité. C'était à la période de l'hégémonie siclo-
nienne que se rattachaient les souvenirs des premières entreprises
maritimes et des premiers comptoirs créés à distance, hors de la Syrie.
Sidon, comme toute la Phénicie, avait accepté sans résistance la suze-
raineté des pharaons thébains, alors maîtres de la Syrie; les Phéniciens
leur payaient tribut, et ce n'était pas acheter trop cher le droit qu'ils
acquéraient ainsi de fréquenter tous les ports du Delta. Les relations
nouées à ce prix avec l'Egypte assurèrent aux Phéniciens, pour de

\. Renan, Mission de Phénicie, p. 574.
2. Strabon. XVI, il, 22.
 
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