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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0039

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LES PHENICIENS, LEURS ETABLISSEMENTS.

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longs siècles, un double monopole. C'était par leurs mains que passaient
presque toutes les matières premières ou les objets ouvrés que l'Egypte
tirait de l'Asie; d'autre part, c'était presque uniquement par leur inter-
médiaire que cette contrée exportait une certaine portion des produits
de son habile et féconde industrie. Fournisseurs attitrés et courtiers
privilégiés de l'Egypte, les Phéniciens tiraient de cette situation si
favorable d'énormes bénéfices. De plus, l'empire des Toutmès et des
Ramsès étant alors la première puissance militaire du monde oriental,
c'était pour les Phéniciens un avantage que de pouvoir, en Syrie et dans
toute l'Asie antérieure, se réclamer de la protection de ces princes et
de leurs généraux; sur mer, il y avait profit pour eux à naviguer,
comme nous dirions aujourd'hui, sous pavillon égyptien, à se couvrir de
l'ombre et du prestige de ces conquérants redoutés1.

Favorisés ainsi par ce vasselage qui ne gênait en rien la liberté de
leurs mouvements, les Sidoniens commencèrent par visiter les parages
de la Méditerranée orientale. Au nord, ils s'établirent sur la côte méri-
dionale de l'Asie Mineure ; ils occupèrent de fortes positions dans les
îles de Cypre et de Crète, d'où il leur fut facile de gagner, sans jamais
perdre tout à fait de vue la terre et les sommets lointains, d'un côté
Rhodes et les Sporades, et de l'autre les Cyclades- ; ils paraissent avoir
pris pied de très bonne heureàThéra (Santorin), à Melos (Milo) et sur
bien d'autres points de l'Archipel; peut-être ont-ils remonté dès lors
jusqu'au groupe des îles de la Thrace, jusqu'à Thasos, dont ils ont si
longtemps exploité les mines3. On croit même qu'ils auraient franchi
les détroits et pénétré jusque dans le Pont-Euxin, pour aller chercher
jusqu'au fond de cette mer le cuivre et le fer du pays des Chalybes
et l'étain du Caucase. Nulle part leur action ne se fît mieux sentir, sur
le continent hellénique, qu'en Béotie. C'est ce dont témoigne le

1. Sur la présence des Phéniciens en Egypte et sur le rôle qu'ils y ont joué, voir les
très intéressantes observations de Brugsch (Histoire de l'Egypte, pp. 142-lbO). 11 montre que
les Syriens n'y furent pas seulement des marchands traités en étrangers et placés en
dehors des cadres de la société égyptienne; dans les papyrus qui datent de la XIXe dy-
nastie, il y a nombre d'exemples de noms d'origine sémitique portés par des fonction-
naires de la cour pharaonique. Le même érudit prouve aussi qu'un certain nombre de
dieux d'origine asiatique s'introduisirent alors, sous la même influence, dans le panthéon
égyptien; il énumère les principaux de ces dieux et de ces déesses, Reshep et Bès, Qadesh
et Anta.

2. Diodore a conservé le souvenir de ces rapports de Rhodes avec l'Orient; il y fait
venir Danaùs et les Égyptiens, Cadmus et les Phéniciens (V, lviii, 1-2). D'après la tradi-
tion qu'il reproduit, Cadmus y aurait laissé, comme marque de son passage, un grand
vaisseau de bronze ou lébés, couvert de caractères phéniciens.

3. Hérodote, II, 44; VI, 47.
 
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