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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0041

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LES PHÉNICIENS, LEURS ÉTABLISSEMENTS. 31

Leptis, et vers l'an 800 « la ville neuve » [Kart-hadast), que les Grecs
appelèrent Carchédon et les Italiens Carthago.

Grâce à son admirable situation, Carthage grandit rapidement ; mais
elle n'oublia jamais qu'elle était fille de Tyr. Tous les ans, une ambas-
sade solennelle partait de la colonie et allait offrir un sacrifice, en son
nom, dans le plus auguste des temples de la métropole, dans celui de
Melqart1. Après une guerre heureuse, Carthage envoyait à ce même
temple la dîme du butin2. S'il ne s'établit pas de concert en vue de
poursuivre une grande action politique et de résister, par des opérations
combinées, aux ennemis communs, c'est que de pareilles entreprises
n'étaient pas dans les goûts des Phéniciens ; mais entre les négociants
de Carthage et ceux de Tyr i] y eut toujours, en quelque endroit qu'ils
se rencontrassent, des relations étroites et cordiales. On était en cor-
respondance et en compte; on s'entendait à demi-mot pour évincer les
concurrents étrangers, tels que les Grecs et les Étrusques, pour leur
dérober les bonnes affaires et pour se les partager. Il n'élait pas besoin
là de conventions écrites et de serments échangés : l'accord était de
ceux qui sont faits et conclus d'avance dans les âmes, par la commu-
nauté du sang, de la langue et du culte, par l'identité des penchants
et des habitudes héréditaires. D'ailleurs, ce qui est le plus fort de tous
les liens, on avait les mêmes intérêts, les mêmes passions et les mêmes
haines.

Malgré la prospérité croissante de Carthage, Tyr resta, pendant plus
de deux siècles encore, la plus opulente et la plus puissante des cités
phéniciennes. Au temps où naissait sa grande colonie d'Afrique, Tyr
avait déjà commencé de prendre possession du troisième bassin de la
Méditerranée, de celui qui s'étend à l'ouest de la Sicile et de l'Italie;
elle en visitait tous les rivages, elle y multipliait ses stations navales.
Ce qui prouve à quelle haute antiquité remontent les relations com-
merciales de Tyr et de l'Italie, ce sont les mots Serranus, Sarranus,
qui sont restés dans la langue latine jusqu'à l'époque classique3; ils
sont tirés directement de la vraie forme sémitique du nom de Tyr,
Tsor. Tytkts, doublet de Serranus, n'a commencé d'être en usage à
Rome que bien plus tard, quand les Latins eurent subi l'influence des

1. Polybe, XXXI, xx, 9, 12; Curtius, IV, n, 8; Diodorë, XX, xiv, 1.

2. Justin, XVIII, 7. Diodore, XX, xiv, 2.

3. Virgile, Géorg., II, oOo :

Hic petit excidiis urbem miserosque Pénates
Ut gemma bibat et Serrano dormiat ostro.
 
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