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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0042

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LA PHEN1GIE ET SES DEPENDANCES.

Grecs, qui de Tsor avaiènt fait Tyros; mais la présence et la persis-
tance de Serranus démontre que les Italiotes, avant de fréquenter les
Grecs et d'apprendre leur idiome, étaient déjà en rapport avec les
Phéniciens, représentés par la marine tyrienne1. Celle-ci, au cours
de ce mouvement continu qui l'emportait vers l'Occident, lit escale
dans la grande île de Sardaigne, où elle trouvait en abondance diffé-
rents métaux; elle s'y ménagea un abri dans la magnifique rade de
Caralis, aujourd'hui Cagliari, et, sur la côte ouest, elle fonda des
comptoirs qui devinrent plus tard les villes de Nora et de Tharros.

De ces ports, on pouvait cingler vers l'Espagne en touchant aux
Baléares, ou bien encore on atteignait cette contrée en longeant la côte
de la Mauritanie. Ce qui, pour les Phéniciens, faisait l'attrait de l'Espa-
gne et le prix de sa possession, c'étaient ses mines, dont les filons les
plus apparents et les plus accessibles étaient peut-être exploilés déjà
par les indigènes. En suivant et en tâtant les rivages méridionaux de
l'Espagne, les navigateurs tyriens arrivèrent à Calpé, c'est-à-dire au
détroit de Gibraltar; là ils virent s'ouvrir devant eux l'espace illimité
d'une mer nouvelle, et ils crurent d'abord avoir touché les bornes
mêmes du monde habitable. Le souvenir s'était conservé des craintes
qu'ils éprouvèrent, tout intrépides qu'ils fussent ; ils se sentirent saisis
d'effroi en face des puissantes vagues de l'Atlantique et du mouvement
des marées; ils hésitèrent au seuil de l'inconnu. D'après une tradition
qui avait cours à Gadès, ce fut après avoir deux fois rebroussé chemin
qu'ils se décidèrent enfin à prendre terre au delà du passage auquel
les Grecs donnèrent le nom de Colonnes d'Hercule2. Une troisième
expédition, conduite par un plus hardi capitaine, alla fonder, dans
une petite île très voisine du continent, la colonie qui devint plus
tard célèbre sous le nom de Gadira ou Gadès (Cadix)3. Par sa position,
par ses maisons serrées les unes contre les autres dans un étroit espace,
Gadira faisait songer à Tyr et à Araclos; elle devint une féconde pépi-
nière de gens de mer et atteignit bien vite une prospérité que Strabon
admirait encore dans le premier siècle de notre ère4.

La situation insulaire de ce poste avancé donnait toute sécurité;

1. L'observation est de M. W. Helbig, dans l'intéressant mémoire que lui ont suggéré
les découvertes faites il y a quelques années à Préneste (Cenni sopra l'arte fenicia, p. 210,
dans les Annales de l'Institut de correspondance archéologique, 1878, p. 197-257).

2. Strabon, III, v, 5.

3. Du mot phénicien gadir, « lieu fermé et fortifié ». Fr. Lkxormant, Manuel d'histoire
ancienne, t. III, p. 58.

i. Strabon, 111, i, 8, v, 3. Diodore, V, xx, 2.
 
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