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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0045

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LES PHÉNICIENS, LEURS ÉTABLISSEMENTS. 35

Le commerce avec l'Espagne donna très vite de si beaux résultats,
que toute la côte, en deçà du détroit, se couvrit de comptoirs phéni-
ciens ; les principaux furent Malaca [Malaga], Sex (Motril), Abdère
[Almeria], Carteïa [Alg étiras) ; on en cite ou on en devine d'autres, qui
eurent moins d'importance, sur toute la côte occidentale, jusqu'au pied
des Pyrénées. Les vallées de l'intérieur et les fertiles campagnes de la
province que nous appelons aujourd'hui l'Andalousie fournissaient aux
marchands tyriens des denrées très variées ; mais ce qu'ils tiraient sur-
tout de cette contrée, c'étaient des métaux de toute espèce. « Tharsis,
dit Ézéchiel en s'adressant à Tyr, trafiquait avec toi; elle t'apportait
toute sorte de richesses ; elle remplissait tes marchés d'argent, de fer,
d'étain et de plomb1. » De tous ces métaux, celui auquel les Phéniciens
tenaient peut-être le plus et dont ils tiraient les plus gros profits, c'était
Fétain. Pas de substance que le monde antique employât en aussi
grande quantité que le bronze, à tous les usages de la guerre et de la
vie domestique; or sans étain pas de bronze. C'était donc pour les
Phéniciens un avantage inappréciable que de s'être ainsi rendus maî-
tres de l'une des sources de l'étain. Sur mer, la longueur du voyage
n'augmente pas les prix de revient dans la même proportion que lors-
qu'il s'agit de transports par terre; dans tout l'Orient, en Grèce, en
Syrie et en Egypte, l'étain d'Espagne devait donc se vendre moins cher
que celui qui venait, par caravane, de l'intérieur de l'Asie; celte diffé-
rence en assurait le débit et faisait ainsi la fortune de ceux qui se
trouvaient les uniques détenteurs de ce précieux minerai2.

La carte ci-jointe permet d'apprécier l'étendue de l'espace où na-
viguaient et commerçaient les navires phéniciens, vers le huitième
siècle; on y trouvera les noms des principaux comptoirs qu'ils fré-
quentaient, avec des indications qui permettront de faire la part de
Sidon et celle de Tyr dans la création de cet ensemble de colonies
reliées entre elles par bien des postes dont l'existence n'a laissé que de
très faibles traces ou a même été souvent tout à fait oubliée3 (fig. 10).

1. ÉZÉCHIEL, XXVII, 12.

2. Sur les profits que les Phéniciens retirèrent des mines de la péninsule Ibérique,
voir Diodore, V, xxxv, 3-G, et xxxvui, 2-4. Il parle surtout de l'argent qu'ils en extrayaient;
mais il ajoute que l'étain se trouve dans beaucoup de lieux de la péninsule ». Au-
jourd'hui, c'est du fer, du cuivre et surtout du plomb argentifère que produisent l'Espagne
et le Portugal. On y connaît encore des gisements où la présence de l'étain est constatée;
mais ils ne sont pas assez riches pour que l'on ait intérêt à y exploiter ce minerai.

3. Sur la carte que nous empruntons à M. Maspero, G à la fin d'un mot indique une
colonie giblite, S une colonie sidonienne et T une colonie tyiïenne; quelques-unes de ces
attributions, empruntées à Movees, ne sont d'ailleurs rien moins que certaines.
 
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