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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0046

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36

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

Les Tyriens avaient été bien inspirés de chercher ainsi, dans l'ouest
de l'Europe, de nouveaux champs à mettre en valeur et de nouveaux dé-
bouchés pour leur industrie; car, dans une autre direction, ils avaient vu
se fermer devant eux des mers qu'ils avaient été longtemps seuls à par-
courir. La Grèce grandissait; sa population augmentait et prenait le
goût du commerce maritime. Après que Tyr eut remplacé Sidon,
pendant les deux ou trois siècles qui suivirent, les Phéniciens eurent à
lutter, dans la mer Egée, contre une concurrence qui devenait de jour
en jour plus redoutable. On achetait encore leurs marchandises, mais
ils n'étaient plus seuls à fournir les commodités et le luxe de la vie ; ils
ne pouvaient plus, comme autrefois, cumuler les bénéfices de la pira-
terie avec ceux du commerce et venir enlever, chez des peuples qui
n'auraient pas été capables de les poursuivre, des femmes ou des jeunes
gens qu'ils allaient ensuite revendre ailleurs comme esclaves1. Leshabi-
tants des îles avaient fini par bâtir des navires et par reprendre posses-
sion de leurs ports et de leur sol ; ce n'était plus pour le compte de ces
étrangers que s'exploitaient les riches mines d'argent de Siphnos et
de Cimolos. L'île de Thasos était située plus à l'écart ; les Phéniciens
avaient pu s'y maintenir plus longtemps ; pourtant, à la fin du huitième
siècle, ils la perdirent aussi, chassés par une colonie de Pariens2. Il y
avait longtemps que Milet et ses colonies leur avaient fermé les détroits ;
les Ioniens commençaient, sous les princes Saïtes, à leur disputer la
clientèle de l'Egypte. Vers la même époque, les Grecs s'établissaient en
Italie et bientôt après en Sicile. Archias, à la tète d'une troupe nom-
breuse de Corinthiens et de Corcyréens, fondait Syracuse en 733, et
d'autres cités helléniques se partageaient presque tout le littoral; les
Phéniciens n'étaient plus chez eux qu'à l'extrémité occidentale de l'île,
dans les trois villes qui furent connues des Grecs sous les noms de
Motya, de Kepher, appelée plus tard Solunte, et de Machanath, que
les Grecs nommèrent Panorme.

En môme temps, comme si tout se réunissait contre la Phénicie, la
vie devenait plus difficile sur la côte syrienne. Après la disparition des
derniers Ramessides, l'Egypte, divisée et affaiblie, s'était repliée sur
elle-même et ses armées n'avaient plus paru en Syrie. La Phénicie per-

1. Hérodote, 1, i. Homère, Odyssée, XV, 415-484.

2. 11 n'y a pas de raison de ne pas admettre la date que donnait Denys d'Halicarnasse
pour l'établissement de la colonie parienne, la XVe Olympiade, 720-717 (ap. Clem.
Alexand. Stromata, 1,21, p. 398). Voir G. Perrot, Mémoire sur Vile de Thasos, dans les
Archives des Missions, t. I, 2e série, 1864.
 
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