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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0049

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LES PHÉNICIENS, LEURS ÉTABLISSEMENTS. 39

au vasselage, avait profité des circonstances pour reprendre son an-
cienne suprématie ; ce n'en fut pas moins une époque critique pour la
Phénicie tout entière : pendant qu'elle s'engageait et se compromettait
dans les coalitions qui se formaient en Syrie contre les Ninivites et les
Babyloniens, les marines grecque et étrusque prenaient, sur beaucoup
de marchés, la place des navires phéniciens.

Aussi, quand, après la prise de Babylone, Cyrus devint seul maître
de toute l'Asie antérieure, les Phéniciens, comme les Juifs, acceptèrent
avec empressement la domination perse. Les Achéménides n'avaient
aucun fanatisme religieux; ils laissaient une grande liberté aux peuples
compris dans leur empire, et leurs exigences financières étaient très
modérées1. Les Phéniciens furent particulièrement ménagés. Les Perses
n'avaient pas de marine, et il leur en fallait une pour lutter contre les
Grecs; ils ne pouvaient compter sur la coopération cordiale de celle
des cités ioniennes de l'Asie Mineure; la Phénicie trouva un double
profit à mettre ses vaisseaux à la disposition des satrapes du grand roi;
de cette manière, elle satisfaisait ses rancunes contre l'ennemi héré-
ditaire, contre ces concurrents qui, de siècle en siècle, avaient rétréci
son champ d'action; en même temps, elle détournait de son côté, elle
faisait couler dans ses ports le flot des dariques royales ; une partie du
revenu de l'empire était employée à payer les équipages et les officiers
de la flotte de guerre phénicienne. Jusqu'à la conquête macédonienne,
les rois de Perse n'eurent donc pas de sujets plus fidèles que les
Phéniciens.

L'histoire ne mentionne qu'un seul cas où les villes de la côte
syrienne aient refusé à la Perse leur coopération: c'est quand Cambyse,
après la conquête de l'Egypte , voulut entreprendre une expédition
contre Garthage. Les Phéniciens, rapporte Hérodote, déclarèrent qu'il
leur était impossible de faire cette campagne, « parce que les plus
grands serments les liaient aux Carthaginois et qu'en combattant contre
leurs propres enfants ils croiraient violer les droits du sang et de la reli-
gion" ». On comprend ce scrupule ; Cartnage, à la fin du sixième siècle,
était en train de foncier dans la Méditerranée occidentale une puissance
coloniale dont la métropole pouvait à bon droit être fi ère ; il était
impossible que celle-ci concourût à contrarier l'essor de cette branche

1. Hérodote ne nous dit pas quelle était )a part des Phéniciens dans la contribution
de 3o0 talents qui était imposée à la Ve satrapie, où était comprise toute la Syrie avec
l'île de Cyprc (III, 91).

2. Hérodote, III, 19.
 
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