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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0050

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

de la race phénicienne et à gêner le développement d'une prospérité
commerciale dont Tyr et Sidon prenaient leur part, grâce aux relations
d'affaires que la Syrie entretenait avec les ports de l'Afrique.

Ce qui fit la fortune de Carlhage, c'est qu'elle était plus loin que
Tyr des principaux foyers de la civilisation hellénique ; tandis qu'à
partir du huitième siècle les deux bassins orientaux de la Méditerranée
sont devenus, au moins dans toute leur partie septentrionale, des mers
grecques, Carthage reste et se sent à l'aise dans le troisième bassin,
dans ces mers de l'Occident où les colonies grecques, trop éloignées
de leur point d'attache, n'ont jamais été ni très nombreuses ni très
puissantes.

La suprématie qu'elle sut y conquérir, elle ne la perdra que lorsque
le peuple romain, au troisième siècle avant notre ère, recueillera l'héri-
tage politique de la Grèce; mais, avant que sonnât l'heure de ces luttes
où devait périr Carthage, cette ville eut le temps de jouer un rôle dont
l'importance et l'originalité doivent être mises en lumière. « Par sa
situation géographique, la cité de Didon appartient à l'Afrique et à
l'Occident; par ses mœurs, par sa langue, par sa civilisation et par
l'origine de ses habitants, elle appartient à l'Asie et à l'Orient. C'est
l'avanl-garde extrême du monde asiatique dans la partie ouest de la
Méditerranée; c'est par elle que la civilisation orientale s'est répandue,
antérieurement à celle de la Grèce et de Rome, dans l'Afrique, la Gaule,
l'Espagne et jusque dans les îles Britanniques1. »

La contrée où avaient été fondées, outre Carthage, les autres
colonies sidoniennes et tyriennes dont nous avons rappelé les noms,
c'est la Tunisie actuelle, la province d'Afrique des Romains; on sait
quelle en est la fertilité. Les colons phéniciens y trouvèrent établie
une population mêlée, où dominait, croit-on, la race, apparentée aux
Egyptiens, dont les Berbères d'aujourd'hui seraient les descendants;
par la supériorité de leur industrie, ils exercèrent sur ces tribus une
influence que favorisaient peut-être de lointaines affinités de sang; ils.
leur enseignèrent la culture, qui, comme tous les arts manuels, avait
été poussée très loin sur la côte syrienne; dans les environs de Tyr et
de Sidon, M. Renan a retrouvé partout la trace d'un outillage agricole
très supérieur à celui qu'emploient, dans ces mêmes lieux, les fellahs
d'aujourd'hui2. Il y avait en Afrique des plaines autrement vastes et
de bien meilleures terres que sur l'étroite bande des rivages de la Pa-

1. Fr. Lenorhant, Manuel d'histoire ancienne, t. III, p. 153.

2. E. Renan, Mission de Phénxie, pp. 633-634, 639 et pl. XXXVI.
 
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