Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0055

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES PHÉNICIENS, LEURS ÉTABLISSEMENTS. 45

garnisons. Partout où les Tyriens n'avaient en jusque-là que des
garde-magasins, Carthage mit des soldats.

Un effort non moins considérable fut fait, avec le même bonheur,
pour reprendre, dans les eaux comprises entre la Sardaigne et l'Es-
pagne, cette suprématie que Phocée et sa colonie Massalia préten-
daient disputer aux Phéniciens. « C'étaient les Phocéens qui, pour
contre-balancer l'avantage que donnait aux Phéniciens la possession
d'une partie delà Sardaigne, avaient fondé en 556, sur la côte orien-
tale de l'île de Cyrné, c'est-à-dire de la Corse, dans une situation très
bien choisie, la ville d'Alalia ou d'Aléria; de là ils commandaient
toute la mer Tyrrhénienne et le golfe de Ligurie. La prise et la ruine
de Phocée par Harpagos, en 547, lors de la conquête de l'Ionie par
les Perses, au lieu d'ébranler les établissements phocéens dans l'Oc-
cident , ne fit qu'en augmenter l'importance. De colonie, Massalia
était devenue une métropole1; » des fugitifs de Phocée, âmes éner-
giques, intrépides marins, se réfugièrent, avec ce qu'ils avaient sauvé
de leurs richesses, les uns à Massalie et les autres à Aléria. C'était
pour la population grecque, dans ces parages, un accroissement
considérable, dont l'effet se fit bientôt sentir. Phocéens et Massaliotes
occupèrent et détruisirent les comptoirs que les Phéniciens avaient
fondés soit sur la côte ligurienne, soit sur la côte ouest de l'Espagne,
dans le voisinage de l'Ebre et des Pyrénées ; leurs escadres battirent
même en plusieurs rencontres celles de Carthage ; elles acquirent et,
pendant quelque temps, elles gardèrent dans ces eaux une supériorité
marquée2.

Les Grecs n'allaient-ils pas prendre la meilleure part du com-
merce si fructueux de l'Espagne? N'y avait-il pas lieu de craindre
que, maîtres de la Corse, ils ne fussent tentés par les mines de la
Sardaigne et qu'ils n'essayassent, à bref délai, de s'en emparer?
Carthage ne pouvait laisser libre carrière à ces ambitions ; c'était
presque pour elle une question de vie ou de mort. On s'y décida donc
à de nouveaux efforts pour reprendre, là aussi, l'ascendant que l'on
avait déjà reconquis en Sicile comme en Bétique, et l'on eut cette
fois la chance de trouver des alliés.

C'était le moment de la grande prospérité des Étrusques, ce peuple
étrange qui nous a légué des milliers de monuments et d'inscriptions,
mais dont les origines et la langue ont encore pour nous tant de

1. Lenormant, Histoire ancienne, t. III, p. 191.

2. Thucydide, I, 13. Pausanias, X, vin, 4.
 
Annotationen