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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0058

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LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

merce considérable; il s'y tenait de grandes foires annuelles1. Au cours
de cette navigation, les Carthaginois découvrirent les Canaries et
touchèrent à Madère2. « Il semble même résulter d'un passage de
Scylax qu'ils essayèrent de pousser plus loin à l'ouest et qu'ils par-
vinrent jusqu'à la Mer des Sargasses; mais la quantité énorme d'herbes
dont la surface des Ilots était couverte leur fit croire qu'il y aurait péril
à s'y aventurer, et ils rebroussèrent chemin3. » Si les guerres contre
les Grecs de Sicile et contre Rome n'étaient pas venues un peu plus
tard distraire l'attention et arrêter l'essor de Cartilage, un Christophe
Colomb phénicien aurait peut-être, vingt siècles plus tôt , découvert
l'Amérique. Des marins de Tyr, devançant Yasco de Gama, n'avaient-
ils pas, aux frais du roi d'Egypte Néchao, vers 600, doublé le cap de
Bonne-Espérance et accompli autour de l'Afrique un voyage de circum-
navigation 4?

Pendant qu'Hannon se lançait dans l'Atlantique vers le sud, un
autre capitaine, Himilcon, allait de même reconnaître les côtes occi-
dentales de l'Espagne et de la Gaule ; il touchait à la Grande-Bretagne5.
Les Tyriens avaient-ils été jusque-là? On l'a dit, mais sans le prouver.
Au contraire, il est certain que, pendant la période carthaginoise, des
navires partis de Gadès allaient chercher les cuirs et les métaux dans
un archipel que l'on appela les Cassitérides ou « îles de l'étain » ;
c'étaient les Sorlingaes. En échange, ils y livraient aux indigènes du
sel, des vases et des armes de bronze, ainsi que des poteries6. Sans
doute il$ abordèrent aussi sur divers points de la côte de Cornouailles
et de l'Irlande; mais, suivant leur habitude, ils avaient préféré s'établir
dans ces petites îles, où ils se sentaient plus en sûreté. 11 s'y était
créé des marchés où les habitants des grandes terres voisines pouvaient
aisément apporter les denrées qu'ils désiraient céder aux trafiquants
étrangers 7.

1. Scylax, Périple, 112.

2. C'est ce que permettent d'inférer différents textes qu'il serait trop long de discuter,
et entre autres un passage de Diodore, qui fait une description brillante d'une île très
fertile et très arrosée, jouissant d'un climat délicieux, qui était située « en face de l'A-
frique, dans l'Océan, à l'ouest, et séparée du continent par nombre de jours de naviga-
tion ». (V, xix.) Les Pbôniciens, ajoute-t-il, après l'avoir découverte, « l'ont fréquentée
d'une manière continue, depuis une époque reculée ». (Ibidem, xx.)

3. Fr. Lenormant, Manuel d'histoire ancienne, t. III, p. 200. Scylax, Périple, 112.

4. Hérodote, II, 42.

o. La relation d'Himilcon n'a pas été conservée; mais certaines des données qu'elle
renfermait paraissent avoir été utilisées dans le poème latin de Festus Avienus.
G. Strabon, III, v, 11.

7. Sans nommer les Carthaginois, Diodore dit que les habitants de la pointe sud-ouest
 
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