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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0059

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LES PHÉNICIENS, LEURS ÉTABLISSEMENTS. 49

Ce commerce de l'Atlantique était un monopole ; pour le mettre à
l'abri de toute concurrence, point de précaution que ne prissent les
Carthaginois. Leurs pilotes gardaient jalousement le" secret des vents,
des courants et des mouillages; de plus, ils répandaient, sur les diffi-
cultés et les dangers de cette navigation, des bruits destinés à jeter
l'effroi dans les âmes. Ne se laissait-on pas effrayer, tentait-on de mar-
cher dans le sillage de leurs bateaux, ils allaient, pour déjouer ces
indiscrètes curiosités, jusqu'à la cruauté meurtrière ou jusqu'à l'hé-
roïsme. Se sentaient-ils les plus forts, ils se retournaient contre l'im-
portun, lui donnaient la chasse, et, s'ils l'atteignaient, le mettaient à
mortl. Ne pouvaient-ils tenter l'abordage, c'était leur propre vie qu'ils
risquaient; Strabonraconte le trait de ce capitaine phénicien qui, sur
la côte occidentale de l'Espagne, se voyant épié et suivi par un navire
romain, jeta tout exprès son bâtiment sur des écueils où vint se briser
après lui la galère italienne. Il réussit à s'échapper à la nage ; de retour
dans sa patrie, il reçut du trésor, comme dédommagement, le prix du
bateau et de la cargaison qu'il avait ainsi sacrifiés2.

Ces procédés n'étaient pas de mise dans les parages de l'Italie; là,
il fallait se contenter d'être admis, sur un pied d'égalité, dans les ports
qui s'ouvraient aux Grecs et aux Étrusques. Les Carthaginois avaient
dû renoncer de bonne heure à s'établir sur le sol même de la péninsule ;
ils se contentèrent d'occuper des positions qui en dominaient les
abords, comme par exemple File de Lipara, d'où ils surveillaient le
détroit de Messine et tout le littoral de l'Italie méridionale. De ces
postes avancés, ils partaient pour se livrer, suivant les circonstances,
soit à la piraterie, soit au trafic. C'était encore celui-ci qui donnait
les plus beaux bénéfices, les Carthaginois étant à pou près seuls à
fournir certains articles de provenance africaine ou de fabrication orien-
tale. Des conventions furent donc négociées en vue de faciliter et d'as-
surer" ces rapports. Aristote avait entendu parler des traités conclus
entre les Étrusques et les Carthaginois3, et Polybe nous a conservé la
traduction du premier de ceux qui furent signés entre Carthage et
Rome, celle-ci stipulant en même temps pour ses alliés latins comme

de la Grande-Bretagne, qu'il appelle le cap Belerios, avaient eu leurs mœurs adoucies
par leurs relations avec ces étrangers qu'amenait chez eux le commerce de l'étain.
V, xxii, 1.)

1. àppien, Punica, o; Strabon, XVII, i, 19.

2. Strabon, III, v, 11.

3. Aristote, Politique, III, v, 10.

tome iii. 7
 
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