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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0060

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LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

Cartilage pour sa métropole ; il était de 509, de l'année même qui suivit
l'expulsion des Tarquins1. Le résultat des fouilles qui se font en Étrurie
et dans le Latium vient chaque jour confirmer ces témoignages his-
toriques; les nécropoles de ces deux pays ont livré et livrent encore
aux archéologues nombre d'objets qui portent, si l'on peut ainsi parler,
l'estampille des marchands de Carthage.

C'est vers ce moment que la grandeur et la richesse de Carthage
atteignent leur apogée, et que ses affaires sont le mieux conduites, à la
fois avec le plus de prudence et le plus de décision. Nous ne la suivrons
pas dans ces grandes guerres de Sicile où elle va s'engager, au cours
du siècle suivant, en même temps que commenceront, dans la Médi-
terranée orientale, les guerres médiques ; à plus forte raison ne dirons-
nous rien de son long duel avec Rome , où elle finira par succomber,
malgré le génie d'un Amilcar et d'un Annibal. Le jour où elle s'abî-
mera dans les flammes, sous les yeux de Polybe et de Scipion Émilien
auxquels reviennent à l'esprit, en présence de ce désastre, de nobles
et mélancoliques vers d'Homère, la Grèce aura achevé de vaincre;
mais, bien avant l'heure de cet éclatant triomphe, elle avait déjà com-
mencé de prendre le dessus. Son art, dès le milieu du cinquième siècle,
était arrivé à la perfection. Dès lors, le monde hellénique n'avait plus
guère emprunté au commerce de l'Orient que des matières premières,
et c'était lui qui avait, par degrés, imposé à tous ces peuples l'imi-
tation des formes supérieures qu'il avait créées. Carthage n'avait pas
plus échappé à cette lente et puissante action que les cités phéni-
ciennes de Syrie, plus rapprochées des grands foyers de la civilisation
hellénique. A Tyr, dès le milieu du quatrième siècle, régnait ce Slraton
que sa passion pour les arts de la Grèce avait fait surnommer le phil-
hellène. Les choses s'étaient passées de même à Carthage. Carthage
faisait aux Grecs de Sicile une guerre violente et meurtrière; mais
elle leur enlevait les statues qui décoraient leurs temples et elle les
plaçait dans les siens et sur ses places publiques 2. Elle copiait les
monnaies grecques, depuis la fin du cinquième siècle, ou plutôt elle
en faisait frapper pour son compte par des artistes grecs (fig. 11
et 12)3; enfin les architectes grecs s'étaient insinués dans la ville,

1. Polybe, III, 22.

2. Appien, Punica, 133; Cic, In Vcrrem, De Siynix, xxxv.

3. Sur la chronologie du monnayage carthaginois, voir Fr. Lënobmant, Essai sut- la
propagation de l'alphabet phénicien dans l'ancien monde, t. I, p. lSti-161. Les deux pièces
que nous reproduisons sont ainsi décrites par de Saulcy (dans les notes de Y Histoire
romaine de M. Duruy, t. 1, p. 419 et 420, à qui nous empruntons ces deux figures):
 
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